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Il avait reconnu encore, qu’aucun de ces corps légers, ainsi repoussés, ne pouvait être de nouveau attiré par le globe que lorsque le hasard lui avait ménagé le contact d’un corps non électrisé. Enfin, il avait cru observer que les duvets de plume et autres corps légers, en s’éloignant du globe, lui présentaient constamment la même face.

De ces divers faits, dont le dernier ne provenait que d’une observation inexacte, Otto de Guericke tira des conclusions, sans doute, mal fondées, mais qu’il n’est pas sans intérêt de connaître, pour apprécier la hardiesse, l’activité impatiente qui distinguaient le génie de ce physicien.

Dans les phénomènes successifs de l’attraction et de la répulsion que le globe de soufre électrisé exerçait sur les corps légers placés dans son voisinage, Otto de Guericke crut voir une imitation parfaite des attractions et des répulsions que le globe terrestre exerce sur les corps situés dans sa sphère d’action. Il pensait que la même cause détermine les plumes repoussées par le globe à lui présenter constamment la même face, et la lune à montrer toujours le même hémisphère à la terre.

Fig. 223. — Machine électrique d’Otto de Guericke.

L’analogie entre les attractions électriques et les attractions planétaires était inexacte, car l’attraction planétaire est proportionnelle à la masse des corps, tandis que l’attraction électrique n’est proportionnelle qu’à leur surface. Mais si le rapprochement hardi essayé par le physicien de Magdebourg, était inadmissible, le fait de la répulsion des corps après leur attraction, par le corps électrisé, était certain. L’explication fut mise de côté, et le fait demeura acquis à la science pour recevoir bientôt son éclaircissement théorique.

La machine du consul de Magdebourg ne donnait que de bien faibles manifestations électriques. Les étincelles étaient si peu visibles que leur clarté surpassait à peine l’espèce de lueur phosphorescente qu’émet le sucre frappé ou cassé dans l’obscurité. Pour apercevoir cette faible lueur, il fallait frotter le globe dans un lieu obscur, et pour entendre le bruit et le pétillement de l’étincelle, tenir l’oreille tout près du globe. Un physicien anglais, nommée Hauksbee, qui écrivait en 1709, obtint des effets électriques beaucoup plus considérables, en remplaçant le globe de soufre d’Otto de Guericke, par un cylindre de verre, auquel il imprimait mécaniquement un mouvement de rotation pendant qu’on le frottait avec la main.

Ainsi modifiée, la machine électrique présente la figure suivante, que nous empruntons à l’ouvrage de Hauksbee (fig. 225).

Cette machine constituait un grand perfectionnement sur celle d’Otto de Guericke, Elle permit d’observer de curieux phénomènes. Remarquons néanmoins, que, dans les expériences dont il nous a transmis le récit, Hauksbee ne nous parle des effets de sa machine, que sous le rapport de la production de la lumière. Il s’était surtout proposé de répéter et d’étendre les expériences faites précédemment par Robert Boyle, qui avait reproduit, sans y ajouter beaucoup, les observations d’Otto de Guericke sur les effets lumineux du globe électrisé. Hauksbee s’occupa donc particulièrement d’observer les