Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup d’observations importantes, que l’on ne fit que trente années plus tard, lorsqu’on reprit cet appareil, à l’instigation et d’après l’exemple des physiciens allemands.

Fig. 226. — Deuxième machine électrique de Hauksbee.


CHAPITRE II

découverte du transport de l’électricité à distance. — expériences de grey et wehler. — découverte de la conductibilité des corps pour l’électricité et distinction des corps en électriques et non électriques.

Tout le monde connaît aujourd’hui la vitesse prodigieuse avec laquelle le fluide électrique se transmet d’un point à un autre : personne n’ignore, grâce au télégraphe électrique, que ce fluide franchit les plus énormes distances avec la rapidité de la pensée. Mais tout le monde ne sait pas que cette étonnante propriété fut découverte, au siècle dernier, à la suite d’un simple hasard d’expérience. Deux physiciens anglais, Grey et Wehler, eurent les honneurs de cette découverte, qui conduisit presque aussitôt à une autre observation, tout aussi importante, c’est-à-dire à la distinction des corps en conducteurs et non conducteurs de l’électricité, ou si l’on veut, en corps électrisables et non électrisables par le frottement.

L’instrument qui servait, en 1729, aux expériences sur l’électricité, était, comme nous l’avons dit plus haut, un simple tube de verre, que l’on tenait d’une main, pendant qu’on le frottait, de l’autre main, avec un morceau de drap. Voulant procéder à quelques expériences électriques, Étienne Grey s’était procuré un tube de verre de trois pieds et demi de long et d’un pouce un quart de diamètre, ouvert à ses deux extrémités. Afin d’empêcher l’introduction de la poussière dans l’intérieur de ce tube, il l’avait fermé à ses deux extrémités, avec deux bouchons de liége.

Grey voulut d’abord s’assurer si les phénomènes électriques resteraient les mêmes selon que ce tube serait ouvert ou fermé. En frottant le tube alternativement ouvert ou fermé, notre expérimentateur ne put constater aucune différence dans l’intensité de l’attraction exercée sur les corps légers.

C’est dans le cours de ce petit essai, que Grey observa le fait qui le mit sur la voie de sa découverte. Il s’aperçut qu’un duvet de plume, qui se trouvait par hasard dans le voisinage du tube électrisé, fermé par ses bouchons, courut vers l’un des bouchons, qui l’attira et le repoussa ensuite, absolument comme faisait le tube lui-même.

Ainsi, l’électricité s’était transmise du tube au bouchon, c’est-à-dire du verre au liége, et la vertu électrique se communiquait au bouchon de liége, par son contact avec le tube électrisé.

Cette observation fut pour Étienne Grey un trait de lumière. Généralisant le fait, il comprit que l’électricité pouvait, comme la