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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/465

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Volta l’eut prise comme point de comparaison dans l’explication théorique qu’il donna de la formation de la grêle.

Watson a donné dans le même mémoire la figure suivante (fig. 240), représentant la manière de produire ce phénomène.

Fig. 240. — Danse des pantins.

Une personne isolée au moyen d’un gâteau de résine, sur lequel elle est placée, saisit de la main gauche le conducteur de fer-blanc d’une machine électrique à globe de verre tournant. De la main droite, elle tient un plat ou une simple plaque métallique sur lequel on a placé des corps légers, tels que des fragments de verre pilé, de petites balles de sureau, du fil de fer très-mince, etc. Un second personnage, non isolé, approche peu à peu du plat métallique que tient le premier, un autre plat semblable. Lorsque les deux plats sont arrivés à une assez faible distance, les corps légers attirés s’élancent du plat inférieur vers le plat supérieur, avec émission d’étincelles. Une fois en contact avec le plat supérieur, ils perdent leur électricité, qui s’écoule dans le sol par le corps du personnage qui tient le plat. Dès lors, n’étant plus retenus sur ce plat supérieur, par l’attraction électrique, ils retombent sur le plat inférieur, où, recevant de nouveau de l’électricité par la machine, ils sont de nouveau attirés, de telle manière que cette succession de mouvements continue tant que la machine est en action[1].

Les expériences que nous venons de rapporter étaient sans doute attrayantes et curieuses, elles attiraient vivement l’attention du public et celle des physiciens de cette époque. Mais tous ces spectacles n’avaient guère qu’un intérêt de curiosité. La théorie pour l’explication des phénomènes électriques n’en recevait aucun éclaircissement, et si l’on en excepte le grand principe établi par Dufay, la science n’avait encore rencontré dans cette direction aucune acquisition importante. Quelques essais, pour la construction des machines électriques, quelques remarques sur les propriétés calorifiques et lumineuses de l’étincelle électrique, quelques observations sur les circonstances les plus favorables au développement de l’électricité, voilà tout ce que cette science avait acquis depuis son origine jusqu’à l’année 1746. Les physiciens ne se méprenaient point d’ailleurs sur cet état d’imperfection de la science encore à ses débuts. C’est ce que Watson exprimait à cette époque par ces belles paroles :

« Si l’on me demande quelle peut être l’utilité des effets électriques, je ne puis répondre autre chose, sinon que, jusqu’à présent, nous ne sommes pas encore avancés dans nos découvertes au point de pouvoir les rendre utiles au genre humain. Dans quelque partie que ce soit de la physique, on ne parvient à la perfection que par des gradations bien lentes. C’est à nous d’aller toujours en avant et de laisser le reste à cette Providence qui n’a rien créé en vain[2]. »

Mais l’année 1746 approchait, et grâce à la découverte de la bouteille de Leyde, des horizons tout nouveaux devaient s’ouvrir pour la science électrique.

  1. Watson, Expériences et observations sur l’électricité, 2e partie du Recueil de traités sur l’électricité, traduits de l’allemand et de l’anglais.
  2. Ibid., 2e partie, préface des Expériences et observations de Watson, p. 8.