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Fig. 203. — Le physicien Wall, au xviie siècle, découvre l’analogie de l’étincelle électrique avec l’éclair et le tonnerre (page 510).


1o Que la foudre a, comme l’électricité, deux barres de feu, c’est-à-dire probablement deux pôles opposés ; 2o que la foudre exerce, comme l’électricité, une attraction sur les corps environnants. « Ce qui étant bien constaté, dit Romas, on en pourra inférer que la foudre ressemblant aux phénomènes fondamentaux de l’électricité, elle lui est analogue en toutes les dernières particularités[1]. »

Romas donne, dans ce mémoire, une description minutieuse des effets produits par la chute de la foudre sur le château de Tampouy. Il paraît que deux lames de feu se croisèrent à plusieurs reprises, avec des sifflements très-intenses, et que des corps solides volumineux furent soulevés et transportés au loin. Romas vit dans ces particularités une ressemblance avec le phénomène d’attraction et de répulsion des corps légers par le fluide électrique, comme avec la double étincelle qui, selon lui, part entre deux conducteurs au moment de la décharge électrique. Ces rapprochements étaient sans doute inexacts, mais ils frappèrent beaucoup l’imagination de l’observateur, qui termine son travail par les lignes suivantes :

« Je me réserve, si ce mémoire est bien reçu, de traiter un peu plus amplement, dans un autre que je me propose de donner sous la forme d’un ouvrage lié de toutes les parties qui me paraîtront les plus propres à faire connaître l’analogie de la foudre et de l’électricité[2]. »

Le mémoire que nous venons de citer, prouve avec évidence, que, dès l’année 1750,

  1. Ce mémoire n’a pas été imprimé, mais il se trouve avec les autres manuscrits de Romas, dans les archives de l’ancienne Académie de Bordeaux, qui sont déposées aujourd’hui dans la bibliothèque de cette ville.
  2. À la suite du coup de foudre de Tampouy et des réflexions dont cet événement fut le point de départ, Romas conçut le projet d’un instrument destiné à détourner le tonnerre. Cet instrument, qu’il n’a décrit nulle part, mais auquel il fait quelque allusion dans sa Lettre à M. Lutton, dont il sera question plus loin, consistait, autant qu’on peut en juger sur de vagues indications, en un conducteur isolé, terminé par une boule, ce qui aurait composé un fort mauvais paratonnerre. M. de Vivens, qui eut connaissance du nouvel instrument, et lui donna le nom de brontomètre, comprit sans doute les dangers que son emploi aurait inévitablement entraînés, et il détourna Romas de publier sa description.