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pâté de pigeonneaux préparé de la sorte par le digesteur, et qui s’est trouvé excellent[1] », il est permis de contester l’utilité de ce procédé de cuisine économique.

La marmite de Papin était munie d’un appareil connu de nos jours sous le nom de soupape de sûreté, et qui constitue l’un des organes les plus importants de la machine à vapeur moderne. Tout le monde s’accorde à ajouter la plus haute importance à la découverte de cet appareil, que l’on regarde comme le prélude des travaux de Papin sur la vapeur. Au risque de paraître soutenir un paradoxe, nous oserons nous séparer encore sur ce point de l’opinion commune. Comme nous nous efforçons d’appuyer sur des textes authentiques les principaux faits exposés dans cette notice historique, nous citerons le passage original du livre de Papin sur le digesteur. On verra que la soupape de sûreté a une origine beaucoup plus humble qu’on ne l’imagine.

Fig. 26. — Marmite de Papin.

Papin commence par donner la description de son digesteur. L’appareil se compose de deux cylindres creux rentrant l’un dans l’autre : le premier, à parois métalliques très-épaisses, renferme l’eau que l’on doit convertir en vapeurs ; le second, plus petit, sert à contenir les viandes. Le tout est fermé par un épais couvercle métallique s’adaptant parfaitement aux contours du cylindre, auquel il est fixé par des écrous très-solides : quand on veut s’en servir, on le place sur un fourneau allumé.

La figure 26 représente la marmite de Papin, telle qu’on la construit aujourd’hui, pour démontrer dans le cours de physique, la pression considérable qu’exerce la vapeur d’eau. S est la soupape de sûreté, C, le corps du cylindre extérieur.

La marmite de Papin n’est donc qu’une sorte de bain-marie, dans lequel seulement la vapeur, renfermée dans un espace clos, ne peut se dégager au dehors. Après avoir donné la description de sa marmite, Papin ajoute :

« Cette machine est sans doute fort simple et peu sujette à se gâter, mais elle est incommode en ce qu’on ne regarde pas dedans aussi aisément que dans le pot ordinaire, et comme elle fait plus ou moins d’effet, selon que l’eau qui y est se trouve plus ou moins pressée, et aussi que la chaleur est plus ou moins grande, il pourrait arriver quelquefois que vous tireriez vos viandes avant qu’elles fussent cuites, et d’autres fois que vous les laisseriez brûler ; ainsi il a fallu chercher des moyens pour connaître et la quantité de pression qui est dans la machine, et le degré de chaleur.

« Il n’y a qu’à faire un petit tuyau ouvert des deux bouts, et, l’ayant soudé sur un trou fait au couvercle, il faut appliquer sur l’ouverture d’en haut de ce tuyau une petite soupape bien exacte et garnie de papier. »

Pour connaître le degré de la pression de la vapeur, Papin fermait cette soupape au moyen d’une petite verge de fer qui, fixée par une de ses extrémités à une charnière, portait, à l’autre bout, un poids mobile à la manière des romaines. Il avait déterminé la pression nécessaire pour soulever ce poids.

  1. Opera, in-4o, 1768, t. I, p. 165.