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l’électricité. Sur l’invitation de Buffon et de Dalibard, ce physicien consentit à dresser une barre de fer isolée sur le faîte de sa maison.

L’appareil que Dalibard avait fait élever dans son jardin, à Marly, consistait en une verge de fer, d’un pouce environ de diamètre, de quarante pieds de longueur, et terminée en pointe à son extrémité supérieure. Elle était soutenue en l’air par trois grosses perches munies de cordons de soie. Pour l’isoler on avait divisé son extrémité inférieure en deux branches, qui étaient fixées dans un tabouret isolant à pieds de verre.

Dalibard décrit ainsi cet appareil, dans le mémoire qu’il lut à ce sujet à l’Académie des sciences.

« 1o J’ai fait faire, à Marly-la-Ville, située à six lieues de Paris, dans une belle plaine, dont le sol est fort élevé, une verge de fer ronde, d’environ un pouce de diamètre, longue de quarante pieds et fort pointue par son extrémité supérieure. Pour lui ménager une pointe plus fine, je l’ai fait armer d’acier trempé, ensuite brunir, au défaut de dorure, pour la préserver de la rouille. Outre cela, cette verge de fer était courbée, vers son extrémité inférieure, de deux coudes à angles aigus, quoique arrondis. Le premier coude était éloigné de deux pieds du bout inférieur, et le second en sens contraire, à trois pieds du premier.

« 2o J’ai fait planter dans un jardin trois grosses perches de vingt-huit à vingt-neuf pieds, disposées en triangle et éloignées les unes des autres à environ huit pieds ; deux de ces perches contre les murs, et la troisième au dedans du jardin. Pour les affermir toutes ensemble, on a élevé sur chacune des entretoises à vingt pieds de hauteur ; et comme le grand vent agitait encore cette espèce d’édifice, on a attaché au haut de chaque perche de longs cordages, qui tenaient lieu de haubans, répondant par le bas à de bons piquets enfoncés en terre à plus de vingt pieds des perches.

« 3o J’ai fait construire entre les deux perches voisines du mur, et adosser contre ce mur, une petite guérite de bois capable de contenir un homme et une table.

« 4o J’ai fait placer au milieu de la guérite une petite table d’environ un pied de hauteur, et sur cette table j’ai fait dresser et affermir un tabouret électrique. Ce tabouret n’est autre chose qu’une petite planche carrée, portée sur trois bouteilles à vin pour suppléer au défaut d’un gâteau de résine qui me manquait.

« 5o Tout étant ainsi préparé, j’ai fait élever perpendiculairement la verge de fer au milieu des trois perches, et je l’ai affermie en l’attachant à chacune de ces perches avec des cordons de soie, par deux endroits seulement. Le bout inférieur de cette verge était solidement appuyé sur le tabouret électrique, où j’ai fait creuser un trou propre à le recevoir.

« 6o Comme il était important de garantir de la pluie le tabouret et les cordons de soie, j’ai pris les précautions nécessaires à cet effet. J’ai mis mon tabouret sous la guérite, et j’ai fait couder ma verge de fer à angle aigu, afin que l’eau qui pourrait couler le long de cette verge ne pût arriver sur son tabouret. C’est aussi dans le même dessein que j’ai fait clouer vers le haut et au milieu de mes perches, à trois pouces au-dessus des cordons de soie, des espèces de boîtes formées de trois petites planches d’environ quinze pouces de long, qui couvrent par-dessus et par les côtés une pareille longueur de cordons de soie, sans les toucher. »

Tout se trouvant ainsi préparé, et les dispositions parfaitement prises pour être en mesure de constater la présence de l’électricité au sein de l’atmosphère, on attendit l’occasion favorable, c’est-à-dire un orage sur Montbard, sur Paris ou ses environs.

Ce fut l’appareil de Marly qui se trouva favorisé. À Marly fut reconnue, pour la première fois, la présence de l’électricité dans l’atmosphère, c’est-à-dire l’un des faits les