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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/566

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par Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, pour recevoir gratuitement de pauvres écoliers. Les princes et les grands seigneurs y mirent plus tard leurs enfants. Il était situé rue de la Montagne Sainte-Geneviève.

Fig. 276. — L’abbé Nollet.

Le programme des leçons de l’abbé Nollet, qui fut bientôt publié par lui, servit de modèle à divers enseignements analogues qui furent établis ensuite dans les principales villes de la France.

L’affluence était si grande au cours de l’abbé Nollet, que, dès les premières leçons, l’évêque de Laon, supérieur du collége de Navarre, dut demander au roi l’autorisation de faire préparer un local nouveau, pour suffire au nombre, toujours croissant, d’auditeurs. Bientôt un magnifique amphithéâtre fut construit. On y ménagea une tribune pour le roi, les princes et les personnages de distinction, attirés à ce cours par la renommée du professeur[1].

En 1739, Nollet entra à l’Académie des sciences, comme membre adjoint. Buffon, que ses collègues jugeaient « digne de s’asseoir dans l’Académie, à toutes les places », avait quitté celle de membre adjoint mécanicien pour celle d’adjoint botaniste. Nollet fut choisi pour lui succéder. Trois ans après, la mort de l’abbé de Molières laissa vacante une place d’associé, qui fut donnée à Nollet. Enfin, il remplaça plus tard, en qualité de pensionnaire, Réaumur, son maître et son ami.

Sur la renommée de ses leçons publiques du collége de Navarre, Nollet fut appelé par le roi en 1744, pour faire un cours de physique expérimentale, en présence du Dauphin (père de Louis XVI). Ce prince en fut tellement satisfait que, l’année suivante, il demanda à l’abbé Nollet un second cours, qui fut professé devant la Dauphine, infante d’Espagne.

Plusieurs années auparavant, Nollet avait été appelé, dans le même but, par le duc de Savoie. Il consacra six mois à répéter, à Turin, son cours de physique du collége de Navarre, en présence du roi de Sardaigne, qui, nous dit-il, « lui adressa les remercîments les plus flatteurs, et fit placer à l’Université tous les instruments qu’il avait emportés avec lui, afin que les professeurs pussent essayer de s’en servir dans la suite, comme il l’avait fait, et enseigner avec leur secours la physique, par voie d’expérience ».

Le bon Nollet conserva dans la cour des souverains, les mêmes qualités de droiture, de sérénité et de douceur qui lui avaient concilié tous les cœurs dans le cercle de ses relations ordinaires.

  1. « Le 6 juillet 1794, plusieurs évêques étaient réunis au collège de Navarre. L’évêque de Laon voulut leur procurer le plaisir d’entendre la leçon de physique expérimentale. On les conduisit à la grande tribune. L’abbé Nollet résuma ce qui avait été dit dans les deux leçons précédentes ; il continua ensuite son explication et il fit des expériences. Les prélats témoignèrent beaucoup de satisfaction et donnèrent de justes applaudissements à un établissement qui fait honneur à la nation, et en particulier à l’Université de Paris. Ils parurent frappés de la beauté de l’amphithéâtre qu’on a construit pour cette école. » (Journal historique sur les matières du temps, août 1754, p. 154.)