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Le fait principal sur lequel repose la théorie de Volta, est le suivant : Si l’on met en contact deux métaux différents, isolés au moyen d’une tige de verre, on trouve, en les retirant aussitôt, qu’ils se sont chargés chacun d’une électricité différente. Dans le contact du cuivre et du zinc, le cuivre se charge d’électricité négative et le zinc devient positif. Ce fait prouve donc que le développement de l’électricité est indépendant de l’action de tout conducteur humide[1].

Fig. 327. — J.-B. Biot.

Biot expose ensuite comment on se rend compte de ce fait, dans la théorie de Volta, et il donne une analyse complète de la pile, et de la loi qui paraît présider à la tension électrique de cet instrument, selon le nombre des couples, leur conductibilité et la conductibilité propre aux corps humides.

« Tel est à peu près, dit Biot, le précis de la théorie du citoyen Volta sur l’électricité que l’on a nommée galvanique. Son but a été de réduire tous les phénomènes à un seul, dont l’existence est maintenant bien constatée : c’est le développement de l’électricité métallique par le contact mutuel des métaux. Il paraît prouvé, par ces expériences, que le fluide particulier auquel on attribua, pendant quelque temps, les contractions musculaires et les phénomènes de la pile, n’est autre chose que le fluide électrique ordinaire, mis en mouvement par une cause dont nous ignorons la nature, mais dont nous voyons les effets.

« Après avoir reconnu et évalué, pour ainsi dire, par approximation l’action mutuelle des éléments métalliques, il reste à la déterminer d’une manière rigoureuse, à chercher si elle est constante pour les mêmes métaux, ou si elle varie avec les qualités d’électricité qu’ils contiennent, et avec leur température. Il faut évaluer, avec la même précision, l’action propre que les liquides exercent les uns sur les autres, et sur les métaux. C’est alors que l’on pourra établir le calcul sur des données exactes, s’élever ainsi à la véritable loi que suivent, dans l’appareil du citoyen Volta, la distribution et le mouvement de l’électricité, et compléter l’explication de tous les phénomènes que cet appareil présente. Mais ces recherches délicates exigent l’emploi des instruments les plus précis qu’aient inventés les physiciens pour mesurer la force du fluide. Enfin, il reste à examiner les effets chimiques de ce courant électrique, son action sur l’économie animale, et ses rapports avec l’électricité des minéraux et des poissons ; recherches qui, d’après les faits déjà connus, ne peuvent être que très-importantes. »

Dans l’une des trois notes qui suivent ce rapport, Biot essaye de soumettre au calcul la pile voltaïque, d’après la théorie du contact. Mais il ajoute, ce qui ne surprendra personne, que les résultats calculés ne purent jamais s’accorder très-bien avec les observations. Biot se tirait de cette difficulté en ajoutant que ce désaccord tenait sans doute à l’imparfaite conductibilité des liquides employés dans la pile, élément dont il est impossible de tenir compte.

Biot terminait son rapport en proposant

    imprimé dans les Mémoires de l’Institut national de France, t. V, et reproduit en entier dans les Annales de chimie, t. XLI, p. 3.

  1. On verra plus loin, à l’article de la théorie de la pile, que ce fait qui sert de base à la théorie de Volta est inexact. Wollaston, et plus tard MM. de La Rive et Faraday, ont prouvé que l’électricité qui se manifeste dans le contact des métaux, en présence de l’air, provient de l’oxydation de l’un des métaux par l’oxygène atmosphérique. Quand on exécute, en effet, cette expérience dans le vide, ou dans un gaz autre que l’oxygène, le contact des deux métaux ne produit plus aucun effet électrique.