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L’étude de l’électricité animale, la doctrine de l’identité ou de l’analogie de l’électricité avec le fluide nerveux, a été, il y a cinquante ans, l’objet de l’enthousiasme presque unanime du monde savant. Ces idées sont tombées, de nos jours, dans un complet discrédit. Il appartient à notre époque, également exempte de l’entraînement de l’enthousiasme qui accueillit les premiers temps de cette découverte, et de tout dédain systématique pour une théorie quelconque, d’approfondir cette question. Aussi espérons-nous que la science, de nos jours, tentera de soumettre au contrôle attentif de l’expérience et de l’induction des phénomènes qui offrent un intérêt égal aux méditations de la philosophie, aux recherches expérimentales de la physique, et aux bienfaisantes applications de l’art de guérir.



CHAPITRE VI

applications chimiques de la pile. — berzélius et hissinger. — recherches et découvertes électro-chimiques de davy. — étude des phénomènes qui accompagnent la décomposition de l’eau par la pile. — nouvelle théorie des affinités chimiques par davy. — décomposition des alcalis et des terres au moyen de la pile de volta. — la grande pile voltaïque de l’institution de londres. — découverte du potassium, du sodium, du baryum et du strontium. — l’institut de france décerne à davy le prix fondé par le premier consul. — recherches physico-chimiques de gay-lussac et thénard, avec la pile donnée par napoléon à l’école polytechnique. — découverte de nouveaux effets de la pile. — la grande pile de wollaston et la petite pile de children. — les piles sèches. — dernier progrès de la science électrique jusqu’à la découverte de l’électro-magnétisme par œrsted, en 1820. — la pile thermo-électrique de pouillet, de nobili et de marcus.

Bien que résultant des travaux des physiciens, la pile voltaïque ne devait pas tarder à s’introduire dans la chimie, son domaine naturel. Elle était appelée à produire dans cette science, une véritable révolution, en l’enrichissant de faits inattendus, en perfectionnant ses méthodes d’expérience, et en lui fournissant une nouvelle théorie de l’affinité.

Les travaux de Nicholson et de Carlisle sur la décomposition de l’eau, et ceux de Cruikshank sur la décomposition des sels, avaient donné le signal de l’emploi de la pile comme moyen d’analyse chimique. Ces recherches furent continuées par Berzélius et Hissinger, qui, s’occupant particulièrement de la décomposition électro-chimique des sels, observèrent le grand fait du transport des éléments des corps composés à chacun des deux pôles de la pile, à travers le liquide soumis à l’action de l’électricité.

Fig. 340. — Berzélius.

Berzélius débutait alors dans la carrière des sciences, et ce travail fut l’un des premiers qui révélèrent ce que la chimie devait recevoir de son génie patient et de son infatigable ardeur.

À cette époque, tous les savants des divers pays marchaient du même pas dans cette nouvelle carrière ; de telle sorte que la même découverte était faite quelquefois simultanément par divers chimistes très-éloignés les uns des autres ; la même observation se faisait presque à pareille heure à Stockholm, à Copenhague, à Berlin, à Iéna, à Gênes, à Londres et à Paris.