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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/678

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Le liquide qui servait à mettre en action cette puissante pile de Wollaston, consistait, comme celui qui avait été employé précédemment dans la plupart des expériences de Davy, en une dissolution d’alun, aiguisée d’acide sulfurique. Le gaz hydrogène qui se dégageait, par suite de l’action de l’acide sulfurique sur le zinc était si considérable, quand les deux mille plaques étaient mises en action, que l’on n’aurait pu manier sans danger un tel instrument. Aussi l’appareil était-il établi dans une cave, d’où partaient des fils conducteurs, pour aboutir dans la salle supérieure où les expériences s’exécutaient. La figure 346 (page 673), représente cet appareil, véritablement historique.

C’est avec cette remarquable batterie, qui fut installée en 1813, dans le laboratoire de l’Institution royale, que Davy put étudier et développer dans toute leur beauté, les phénomènes physiques et chimiques de la pile, et produire la lumière et la chaleur les plus intenses que l’on eût développées jusque-là par des moyens artificiels. En se servant d’acide azotique étendu pour charger les deux mille couples, Davy découvrit l’arc lumineux de la pile, qui est comparable, par son intensité, à la lumière solaire, et dont l’emploi, rendu pratique de nos jours, a permis de créer l’éclairage électrique.

Davy observa que, lorsqu’on termine les deux fils conducteurs de la pile, par deux pointes de charbon, et que l’on approche ces deux charbons l’un de l’autre, à environ un trentième de pouce de distance, on vit jaillir aussitôt entre les deux conducteurs, une étincelle d’un éclat incomparable. En éloignant peu à peu les charbons l’un de l’autre, le jet de lumière s’étendait et formait, à travers l’air, une courbe étincelante, de trois à quatre pouces de longueur. Toute matière introduite dans ce foyer sans pareil, y disparaissait aussitôt, par fusion ou volatilisation. Le platine, le cristal de roche, le saphir, la magnésie, la chaux, et toutes les substances les plus réfractaires, y semblaient vaporisées. Ces divers phénomènes se reproduisaient dans le vide, ce qui montrait bien que cet effet n’était pas dû à l’oxygène atmosphérique, mais était bien le résultat propre du calorique développé par le courant. Il est inutile d’ajouter que toutes les décompositions chimiques observées jusque-là furent reproduites par cette nouvelle batterie avec une intensité prodigieuse.

La grande batterie de Davy trouva pourtant sa rivale. À la même époque, un riche amateur de sciences, nommé Children, venait de faire construire une pile composée dans le système dit couronne de tasses, et modifiée par Wollaston. Sous le rapport de la dimension des plaques, c’est la plus grande pile qui ait jamais été construite. Chacun de ses éléments présentait une surface de trente-deux pieds carrés, et elle contenait vingt et un de ces éléments. Par le courant de cette pile, de gros fils de platine, dont quelques-uns avaient jusqu’à cinq pieds et demi de long et deux lignes de diamètre, étaient rougis, dans une portion plus ou moins grande de leur longueur, et même en partie fondus. Les oxydes, les métaux infusibles dans les foyers ordinaires, et en particulier l’iridium, furent mis en fusion de cette manière. On réussit à fondre complétement une tige carrée de platine, de deux lignes de diamètre sur deux pouces trois lignes de long. De la poussière de diamant étant placée dans une fente pratiquée à la scie, en travers d’un fil de fer, le diamant fut liquéfié et le fer qui le touchait se transforma en acier. C’est en 1813 et en 1815 que Children exécuta ces curieuses expériences.

Le génie particulier du physicien Wollaston le portait à produire de grands résultats avec de petits moyens. Dès qu’il eut connaissance des effets de la pile de Children, il voulut, pour ainsi dire, retourner l’expérience, et produire tous ces puissants phénomènes à l’aide de l’appareil voltaïque le plus petit que l’on eût employé jusque-là.