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le faisant plonger dans la dissolution de sulfate de cuivre qui le remplit ; la dissolution de sulfate de cuivre demeure ainsi au même état de saturation, c’est-à-dire saturée à froid pendant toute la durée de l’opération. Pour se débarrasser du sulfate de zinc contenu dans le vase extérieur V, voici le moyen que l’on peut employer. Comme la dissolution de sulfate de zinc, en raison de son poids spécifique, se précipite au fond du vase à mesure qu’elle se forme, on introduit dans ce vase un siphon, dont la plus courte branche est placée à une petite distance du fond de ce vase, de manière à faire écouler au dehors la dissolution de sulfate de zinc qui vient s’accumuler en cet endroit. On remplace le liquide soutiré de cette manière par de l’eau acidulée, que l’on fait tomber goutte à goutte dans ce vase, au moyen d’un flacon muni d’un tube effilé disposé par-dessous. Par l’effet de ces dispositions, les liquides réagissants sont maintenus au même degré de concentration ou d’activité chimique, et le courant peut demeurer constant pendant plusieurs jours.

La réunion d’un certain nombre de couples semblables à celui qui vient d’être décrit, compose la pile de Daniell.

Les deux couples communiquent entre eux par leurs métaux hétérogènes. Une lame de cuivre C, qui termine l’appareil d’un côté, constitue le pôle positif ; la lame de zinc qui le termine à l’autre extrémité est le pôle négatif.

M. Vérité, de Beauvais, a réussi à éviter plusieurs des inconvénients de la pile de Daniell, par une modification heureuse, qui consiste à placer le zinc et l’eau acidulée à l’extérieur du vase poreux, et à mettre dans l’intérieur de ce vase, le cuivre et la dissolution de sulfate de cuivre. Les cristaux de sulfate de cuivre sont contenus dans un ballon, dont le goulot plonge dans la dissolution, comme le montre la figure 364. Le goulot est fermé en partie, par un bouchon, dans lequel on a pratiqué une entaille. Quand le niveau de la dissolution baisse jusqu’au-dessous du goulot, une bulle d’air entre dans le ballon ; une certaine quantité de liquide saturé s’en écoule et reproduit le niveau primitif.

Fig. 364. — Pile de M. Vérité, de Beauvais.

Cette pile marche avec une grande régularité, sans exiger une surveillance constante.

La pile de M. Callaud, de Nantes, est une pile de Daniell, sans diaphragme poreux. Les vases poreux ont l’inconvénient de s’incruster de particules de cuivre, qui obstruent leurs pores, et finissent, au bout d’un certain temps, par les fendre et les mettre hors de service. De plus, l’évaporation s’opérant facilement, le sulfate de zinc se cristallise, en grimpant sur le vase poreux ; ce qui établit une conductibilité par-dessus la cloison qui sépare les liquides. M. Callaud a donc songé à supprimer les diaphragmes en mettant à contribution la différence de densité des deux liquides de la pile de Daniell, différence qui leur permet de se superposer sans mélange. La dissolution de sulfate de cuivre occupe le fond du vase et l’eau surnage. On suspend par trois crochets sur le bord du vase le cylindre de zinc, qui plonge dans l’eau acidulée, et l’on fait pénétrer au fond, dans la dissolution de sulfate de cuivre, une tige, formée d’un gros fil de cuivre recouvert de gutta-percha et terminée