Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/699

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si l’on réunit la bouée, par deux fils métalliques, à un carillon placé sur le rivage, le carillon commence immédiatement à tinter.

M. Duchemin fit cette expérience à Fécamp, au grand ébahissement des baigneurs.

Avec un petit nombre de ces éléments jetés à la mer, on pourrait donc envoyer des télégrammes le long des côtes.

Au mois d’août 1866, des expériences ont été faites à Cherbourg, par ordre du ministre de la marine, avec la bouée électrique de M. Duchemin. Il s’agissait de faire servir le courant de la pile au nettoiement, ou à la préservation des coques de navires en fer et des blindages des frégates cuirassées. Ces expériences ont prouvé que l’on pouvait très-efficacement et très-économiquement appliquer la bouée électrique à cet emploi particulier.

Ce n’est là, d’ailleurs, qu’une première application, qui en présage beaucoup d’autres, de la belle idée qu’a eue M. Duchemin, de prendre un liquide aussi chimiquement actif que l’eau de la mer, pour l’agent excitateur de la pile. Il est évident que cet appareil, petit de forme, est gros d’avenir.



CHAPITRE VIII

théorie de la pile. — théorie de volta sur le développement de l’électricité par le contact et la force électromotrice. — objections à cette théorie. — réflexions critiques de gautherot. — wollaston, ritter, etc. — théorie chimique de la pile, posée et développée par parrot. — défenseurs de la théorie du contact : pfaff, marianini, ohm, fechner, etc. — expériences de m. de la rive en faveur de la théorie électro-chimique. — travaux de faraday et constitution définitive de la théorie chimique de la pile.

Quand on considère le nombre et l’immense variété de faits qui sont aujourd’hui acquis à la physique, touchant la pile de Volta, on s’étonne de l’impuissance dans laquelle on est si longtemps resté pour expliquer les effets de cet appareil. La pile voltaïque est connue et maniée depuis plus de soixante ans, et c’est depuis vingt ans à peine que l’on a pu en donner une théorie rigoureuse. Encore faut-il se hâter de dire que l’explication aujourd’hui généralement adoptée, donne prise à plusieurs objections de détail, néglige certains faits ; de telle sorte qu’il est peu probable qu’elle se maintienne intégralement dans l’avenir telle qu’on la formule aujourd’hui. C’est le tableau des opinions diverses qui ont été successivement émises, depuis Volta jusqu’à nos jours, pour expliquer théoriquement les effets de l’appareil électromoteur, qu’il nous reste à tracer pour terminer cette Notice.

Nous commencerons par exposer la théorie de Volta, telle qu’elle a été conçue par son auteur, et surtout par les divers physiciens qui l’ont adoptée et défendue après lui.

Le développement d’électricité qui s’observe dans un assemblage de corps conducteurs métalliques mis en présence d’un conducteur liquide, a pour cause unique, selon Volta, le contact des substances hétérogènes. Toutes les fois que deux substances de nature différente sont mises en contact, il se développe une force particulière à laquelle le créateur de la pile donna le nom de force électromotrice. Sous l’influence de cette force, l’un de ces corps se charge d’électricité positive, l’autre d’électricité négative.

La force électromotrice qui a provoqué la formation des deux électricités sur le couple métallique a encore la propriété d’empêcher les deux électricités rendues libres de se recombiner à la surface des métaux en contact, pour constituer le fluide naturel.

L’action de cette force s’exerce d’une manière instantanée, mais son intensité et le sens dans lequel elle agit dépendent de la nature des corps mis en présence. La quantité d’électricité produite par la force électromotrice sur un métal donné peut donc varier selon la nature du métal qu’on lui associe.