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coup à l’esprit des observateurs, mais qu’elle ait été amenée par une série de recherches antérieures, et de tâtonnements de l’expérience et de l’esprit.

Ce sont ces préliminaires de la découverte de l’électro-magnétisme que nous allons d’abord mettre en lumière.

L’idée d’une relation intime entre le magnétisme et l’électricité, avait préoccupé les esprits longtemps avant Œrsted. Rien pourtant, jusqu’à cette époque, n’avait pu justifier nettement cette idée. Ses partisans en étaient donc réduits à s’appuyer sur des analogies forcées, qui soulevaient des difficultés insurmontables, et qui étaient sans cesse contredites par l’observation des faits.

L’idée de l’identité de l’électricité et du magnétisme, avait trouvé son origine dans la doctrine des philosophes du xviiie siècle, pour lesquels tous les phénomènes du monde physique ne sont que le résultat de quelques forces primordiales. Conformément au système de Descartes, la lumière, la chaleur, l’électricité, le magnétisme, n’étaient envisagés, au siècle dernier, que comme des manifestations variées d’un même agent, répandu dans l’univers. C’étaient des états différents, ou, pour ainsi dire, des incarnations différentes d’un même principe matériel.

Cette doctrine, issue de la philosophie de Descartes, ressemble beaucoup à celle vers laquelle nous conduisent les progrès les plus récents et l’esprit général de la science actuelle. Tout, en effet, nous amène à chercher dans le mouvement la véritable source des forces naturelles, que nos devanciers avaient, à tort, séparées, en les symbolisant par l’hypothèse de divers fluides impondérables, à savoir : les fluides électrique, magnétique, calorifique et lumineux. Les vibrations des molécules matérielles d’un invisible éther répandu dans tout l’espace, et les mouvements, infiniment petits, des corps visibles et tangibles, nous expliqueront peut-être un jour tous les effets attribués à ces forces, qui, évidemment, se transforment tous les jours, sous nos yeux, l’un dans l’autre.

Quelle que soit pourtant la ressemblance entre la théorie qui représente, en ce moment, le dernier mot de la science, et la doctrine, déjà ancienne, de l’identité des forces physiques, cette ressemblance est tout extérieure. Les grossières et vagues notions qui faisaient le fond du système des philosophes unitaires au xviiie siècle, n’étaient basées sur aucune démonstration expérimentale, et se réduisaient à des assimilations très-hasardées. Les physiciens du temps de Nollet considéraient l’électricité, comme étant le feu primitif. L’aimant était, dans ce système, une pyrite martiale, saturée de fluide électrique, en d’autres termes, un minerai de fer chargé d’électricité.

Cette opinion fut soutenue, à la fin du dernier siècle, par un homme dont le nom surprendra à bon droit nos lecteurs, par Marat.

Avant de jouer dans la révolution française le rôle sanglant et terrible qu’il devait y remplir, Marat était médecin. Il était médecin des gardes du corps du comte d’Artois. Les applications de l’électricité, comme moyen curatif des maladies, étaient alors fort en vogue, et beaucoup de médecins s’étaient trouvés ainsi conduits à s’occuper d’électricité. C’est ainsi que Marat songea à étudier les phénomènes électriques, et qu’il écrivit un livre de Recherches sur l’électricité[1] qui faisait suite à un traité du même genre sur le feu.

Ces Recherches sur l’électricité ne renferment guère que des élucubrations sans aucune base ; mais elles valent tout autant que beaucoup d’autres productions de la même époque relatives à l’électricité.

Dans cet ouvrage, en même temps qu’il veut prouver que l’aimant est un minerai de

  1. Recherches physiques sur l’électricité, par M. Marat, docteur en médecine et médecin des gardes du corps de M. le comte d’Artois. Paris, 1782, in-8, avec figures.