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du foyer de la cheminée. Ensuite, il appela la servante, et la pria de lui apporter une cuvette pleine d’eau, pour se laver les mains.

Il était resté dans la bouteille, quelques gouttes de vin. La chaleur du foyer ne tarda pas à convertir le liquide en vapeurs, qui s’échappèrent par le goulot. Savery fut alors frappé d’une idée ! Il mit un de ses gants de buffleterie, afin de se garantir de la chaleur, retira la bouteille du foyer et la renversa dans la cuvette, pour voir l’effet que cela produirait. Au bout de quelques instants il vit, avec surprise, l’eau monter dans la bouteille, et la remplir peu à peu. La vapeur s’était condensée au contact de l’eau froide, et le vide s’étant fait dans la bouteille, la pression de l’air avait forcé l’eau de s’y introduire.

Tel est le petit événement qui aurait fourni à Savery, s’il faut l’en croire, l’idée de sa machine. Avait-il, à cette époque, connaissance des travaux de Papin, et n’a-t-il imaginé cette aventure que pour s’attribuer la gloire d’une découverte indépendante de celle du mécanicien français, quoique postérieure ? Cela nous paraît fort probable ; mais c’est un point qu’il serait fort difficile de décider aujourd’hui. Dans tous les cas, il est certain que la machine à vapeur de Papin n’était pas alors inconnue en Angleterre.

Mais arrivons à la description de la machine de Savery.

La figure 35 présente les éléments essentiels de la machine de Savery. Voici le jeu de ses différentes pièces.

Fig. 35. — Coupe de la machine à vapeur de Savery.

La vapeur d’eau fournie par la chaudière B arrive, en traversant le tuyau D, dans l’intérieur du vase métallique S. Elle presse l’eau contenue dans ce vase, et par sa force élastique, la refoule dans le tube A, en soulevant la soupape a qui s’ouvre de bas en haut, et fermant la soupape b qui se ferme de haut en bas. L’eau jaillit ainsi par l’extrémité supérieure du tube A et s’écoule au dehors.

Lorsque le vase S s’est vidé de cette manière, on ferme le robinet c, pour intercepter la communication avec la chaudière ; et ouvrant aussitôt le robinet e, on fait arriver un courant d’eau continu, du réservoir E. La vapeur contenue dans le vase S se trouve ainsi subitement condensée. Le vide se trouvant produit à l’intérieur de ce vase par suite de la condensation de la vapeur, la soupape b se soulève par l’afflux de l’eau, qui s’élance, par le tube D, dans l’intérieur de l’appareil, en vertu de la pression atmosphérique. Alors le robinet c, étant ouvert de nouveau, donne accès à de nouvelle vapeur dans le vase S, et cette vapeur, pressant le liquide, le refoule dans le tube A. La vapeur étant de nouveau condensée par une affusion d’eau froide, le vide produit dans le vase S appelle une nouvelle quantité d’eau dans ce récipient, et ainsi de suite.

Il suffit donc d’ouvrir successivement les robinets c et e pour élever, d’une manière à peu près continue, toute l’eau que l’on désire faire monter.