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rants électriques. Nous connaissons les lois de l’action des courants, mais nous ne savons pas encore ce que c’est que l’électricité.

La découverte d’Œrsted, bien qu’immédiatement appréciée par les physiciens, resta quelque temps encore, avant de faire son chemin dans le monde savant. C’est qu’on croyait d’abord que la déviation des aiguilles ne pouvait s’observer qu’avec une pile très-puissante ; tandis qu’il suffit, pour cela, d’une force électromotrice insignifiante. Mais dès que l’expérience fut présentée dans son véritable jour ; dès que l’on reconnut que tout observateur peut, avec les moyens d’expérience les plus simples, se livrer à l’étude de ce nouveau genre de phénomènes, on vit des hommes de toutes les classes, médecins, naturalistes, amateurs de toute sorte, s’emparer avec une ardeur incroyable, des phénomènes de l’électro-magnétisme. De cette émulation universelle, sont sorties les plus belles et les plus importantes découvertes de notre siècle dans l’électricité.

André-Marie Ampère fonda la science de l’électricité dynamique, en étudiant l’action des courants sur les aimants et celle des courants sur les courants. Il fut le législateur de cette branche de la physique ; et, comme l’a dit M. Babinet, « si Œrsted avait été le Christophe Colomb du magnétisme, Ampère en fut le Pizarre et le Fernand Cortez ».

Fig. 383. — A.-M. Ampère.

Pour étudier l’action de la pile sur l’aiguille aimantée sans être gêné par le magnétisme terrestre, Ampère imagina sa boussole astatique dont l’aiguille est mobile dans un plan perpendiculaire à la direction de la force magnétique de la terre, direction donnée par les observations de l’inclinaison. On comprend que l’aiguille ainsi disposée ne peut pas céder à l’action directrice de la terre, puisque cette action, s’exerçant perpendiculairement au plan de rotation de l’aiguille, est détruite par la résistance du support. Dès lors, cette dernière obéit librement à l’influence des courants que l’on fait naître dans son voisinage. Mais Ampère ne se contenta pas de chercher les lois de cette action des courants sur les aimants. Il conçut une généralisation merveilleuse de ce genre de phénomènes : l’influence des courants sur les courants.

Fig. 384. — Boussole astatique.

Cette idée avait à peine traversé son esprit fécond en ressources, qu’il imagina des dispositions extrêmement ingénieuses pour rendre mobile une certaine étendue d’un fil conjonctif, sans que ses extrémités eussent à se