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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/725

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effets magnétiques de se manifester à distance. Ampère mit à profit cette observation pour former ces systèmes de courants circulaires dont nous venons de parler, et auxquels il donna le nom de solénoïdes.

Fig. 385. — Hélice magnétique ou solénoïde.

La ressemblance entre les effets des solénoïdes et ceux d’un aimant fut si grande, que l’idée d’une identité complète entre les uns et les autres, jeta des racines profondes dans l’esprit de l’illustre géomètre. Ampère fit voir qu’il est permis d’assimiler les aimants à des systèmes de courants circulaires, de même sens, circulant autour des molécules du fer ou de l’acier. L’ensemble de ces courants préexiste dans ces substances ; mais ils sont dirigés en tous sens et se contrarient les uns les autres, jusqu’à ce qu’une action magnétisante vienne les orienter tous dans le même sens et provoquer la polarité propre aux solénoïdes. Aimanter le fer, c’est donc ramener au parallélisme, les petits tourbillons électriques qui circulent autour des molécules : ici comme ailleurs, l’union fait leur force.

Cette nouvelle théorie, aussi simple qu’ingénieuse, rend compte de tous les faits de la science magnétique ; elle ramène à une cause unique le magnétisme et l’électricité dynamique. Si son exactitude n’est pas entièrement démontrée, elle est pourtant infiniment préférable à l’hypothèse des deux fluides matériels accumulés dans les aimants. Elle explique même l’action directrice de la terre sur les aiguilles aimantées, en supposant que la terre est entourée de courants circulaires. Enfin, elle fit prévoir à Ampère que les courants mobiles seraient dirigés par la seule action de la terre, tout comme les aiguilles aimantées. L’expérience a confirmé cette prévision.

Nous arrivons à la grande découverte qui a permis de réaliser la télégraphie électrique, et toutes les applications du même genre. Nous voulons parler de l’aimantation temporaire du fer par le courant électrique, découverte due au célèbre physicien français Arago.

Cette seconde découverte eut encore pour point de départ l’expérience d’Œrsted.

Arago avait vu répéter l’expérience du physicien danois, à Genève, dans le laboratoire de M. de La Rive. En la vérifiant à son tour, il remarqua que le fil conjonctif de la pile se charge de limaille de fer, comme ferait un aimant ; mais qu’il n’attire point la limaille de cuivre au de laiton. Le courant fait donc naître dans le fer doux, la vertu magnétique, et cette vertu disparaît dès que le courant est interrompu.

En employant une aiguille à coudre, c’est-à-dire un petit barreau d’acier, Arago parvint à aimanter le métal d’une manière durable par le courant électrique.

Cette grande découverte fut consignée le 20 septembre 1820[1], dans les procès-verbaux des séances du bureau des Longitudes.

Le 25 septembre, c’est-à-dire moins d’une semaine après la première communication d’Ampère, Arago fit connaître sa découverte à l’Académie des sciences.

Ampère lui conseilla aussitôt d’employer un fil roulé en hélice, au centre de laquelle l’aiguille d’acier serait placée. « D’après ma

  1. Arago, Note sur l’électro-magnétisme. Œuvres complètes, vol. IV, p. 409.