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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/86

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Black, et entièrement ignorées avant lui. On comprend sans peine de quelle utilité était la connaissance de ces faits pour le perfectionnement des machines mises en jeu par la force élastique de la vapeur. C’est avec leur secours qu’il fut permis, dès ce moment, de calculer la quantité de chaleur mise en liberté par la condensation d’un volume donné de vapeur dans le cylindre de la machine de Newcomen, d’expliquer les phénomènes qui accompagnent cette condensation, d’apprécier la force élastique de la vapeur à différentes températures ; en un mot, d’étudier, par la voie de l’expérience, un grand nombre d’éléments pratiques qui jouent un rôle dans les effets de cette machine.

Fig. 40. — Joseph Black.

Les découvertes de Black concernant le calorique spécifique, c’est-à-dire la quantité de chaleur nécessaire pour élever d’un même nombre de degrés un poids donné des différents corps, apportèrent à l’étude théorique de la machine à vapeur des éléments d’un ordre nouveau et de la même importance.

Joseph Black, l’un des physiciens les plus remarquables du siècle dernier, n’a presque rien imprimé. Si l’on en excepte deux mémoires insérés dans les Transactions philosophiques, le seul témoignage écrit qu’il nous ait laissé de ses travaux se réduit à son traité intitulé : Expériences sur la magnésie, la chaux vive et les substances alcalines. Professeur depuis l’année 1754 à l’université de Glascow, Joseph Black se contentait d’exposer dans ses cours le résultat de ses recherches. C’est ainsi que sa théorie du calorique latent fut développée chaque année, à partir de 1763, devant les élèves qui se pressaient à ses cours.

Parmi les personnes qui suivaient à cette époque, les leçons de Joseph Black, se trouvait un jeune ouvrier mécanicien que la protection de l’Université venait de tirer d’une position embarrassante. Appartenant à une famille honorable d’Écosse, ruinée par de mauvaises spéculations commerciales, il avait été forcé de renoncer à la carrière des sciences pour laquelle il avait manifesté, dès son enfance, des dispositions extraordinaires. À l’âge de seize ans, ses parents l’avaient mis en apprentissage à Greenock, sa ville natale, dans un petit atelier où l’on exécutait des compas, des cadrans solaires, et quelques appareils de physique. Quatre années après, on l’avait envoyé à Londres, chez un constructeur d’instruments de navigation. Mais la faiblesse de sa santé et une grave maladie qu’il avait contractée en travaillant pendant toute une journée d’hiver près de la porte de l’atelier, l’avaient obligé de quitter Londres. Pour essayer les effets de l’air natal, il était revenu en Écosse, et s’était rendu à Glascow avec l’intention d’y exercer la profession de constructeur d’appareils de mathématiques. Mais la corporation d’arts et métiers de la ville, s’appuyant sur d’antiques priviléges, s’était obstinément opposée à ce qu’il ouvrît à Glascow le plus humble atelier. Le jeune artiste se trouvait donc dans une situation assez pénible, lorsque l’Université intervint en sa faveur, et, pour terminer la difficulté, lui accorda le titre de son constructeur d’appareils de physique. Elle lui permit d’ou-