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fils télégraphiques dont ils aient la propriété et l’usage exclusifs. Quand les besoins de l’exploitation d’un chemin de fer exigent la transmission de quelque dépêche, l’agent de la compagnie transporte son message à la station du télégraphe ; dans les cas véritablement urgents, il prend un tour de priorité sur ceux du public, et n’est soumis à aucune taxe. Ces faveurs sont accordées en retour de la permission donnée à la compagnie du télégraphe de poser ses poteaux sur la ligne de fer. Cet état de choses ne permet pas aux administrations de chemins de fer d’user du télégraphe pour ces mille dépêches de service qui facilitent tant l’exploitation des chemins de fer dans les diverses parties de l’Europe où presque chaque ligne de chemin de fer est, en même temps, pourvue d’un fil de télégraphie électrique.

On voit, en résumé, que, si les États-Unis ont un réseau télégraphique important par son étendue, il leur reste pourtant beaucoup à faire encore pour la régularité, pour l’utilité de son exploitation.


CHAPITRE IV

la télégraphie électrique en angleterre. — le télégraphe à aiguilles de mm. cooke et wheatstone. — état actuel de la télégraphie électrique en angleterre.

La plupart des lignes de télégraphie électrique qui fonctionnent aujourd’hui sur les chemins de fer anglais, ont été créées par M. Wheatstone.

Nous avons déjà parlé du télégraphe à cinq galvanomètres, imaginé par M. Wheatstone. Ce télégraphe fut établi, en 1838, sur une partie du chemin de fer de Londres à Liverpool. Fondé, comme les télégraphes d’Alexander et de Schilling, sur le principe de la déviation de l’aiguille aimantée par le courant voltaïque, il se composait, comme on l’a vu, de cinq fils qui servaient à faire apparaître instantanément les diverses lettres de l’alphabet.

Cependant ce télégraphe n’était que l’enfance de l’art. L’emploi des cinq conducteurs était une source de complications dans le jeu de l’appareil et d’augmentation de dépenses pour son établissement. Suffisant pour les besoins du service d’un chemin de fer, il n’était point applicable à un service étendu de communications quotidiennes. C’est, en effet, pour l’usage des chemins de fer que M. Wheatstone avait construit cet instrument, qui resta en usage, depuis l’année 1838 jusqu’à l’année 1846, sur les railways du Great-Western, de Blackwall, de Manchester à Leeds, d’Édimbourg à Glasgow, de Norwich à Yarmouth et de Dublin à Kingstown.

Les résultats avantageux obtenus, avec les appareils de MM. Cooke et Wheatstone, sur les chemins de fer du Great-Western et de Blackwall, décidèrent la rapide extension que la télégraphie électrique ne tarda pas à prendre en Angleterre. Pendant l’année 1846, il se forma à Londres, sous le nom de Compagnie du télégraphe électrique, une compagnie puissante qui se proposait d’étendre ce genre de communications à toutes les villes importantes de l’Angleterre et de l’Écosse. Le système adopté sur la plupart de ces lignes fut le télégraphe à deux aiguilles, inventé par MM. Cooke et Wheatstone.

Le télégraphe à deux aiguilles est l’instrument télégraphique réduit à sa plus simple expression : l’intelligence de l’opérateur y tient, pour ainsi dire, lieu de mécanisme.

Le télégraphe à deux aiguilles de MM. Cooke et Wheatstone se compose tout simplement de deux aiguilles aimantées, fixées chacune au centre d’un cercle, et qui peuvent se mouvoir autour de ce cercle. Deux manivelles ou poignées, que l’opérateur tient dans ses mains, servent à diriger autour des deux aiguilles aimantées le courant d’une pile voltaïque, lequel a pour effet de faire dévier ces aiguilles