Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui doit rester entièrement dans la mer. Pour le câble de côtes, les fils de fer de l’armature ont de 6 à 7 millimètres. On comprend, en effet, que cette partie étant exposée aux ancres des navires, aux courants et aux marées, qui provoquent des frottements contre les rochers, doive présenter une résistance plus grande que celle du reste du câble. Pour cette dernière partie, ou le câble proprement dit, il n’est pas nécessaire d’employer des fils aussi forts. Au delà de 20 mètres de profondeur les marées et les courants ne se font plus sentir. Tout ce qu’il faut craindre, ce sont les matières qui peuvent attaquer chimiquement le cuivre, et qui le détruiraient rapidement. Il faut aussi préserver le conducteur de l’introduction des animaux perforants et des dépôts de coquillages, qui sont un si grand obstacle au relèvement des câbles. Une couche de peinture, mêlée d’une matière toxique, a donné, dans ce but, de bons résultats, en Angleterre. Cette peinture est un composé de bleu de Prusse et de turbith minéral (sulfure de mercure). Sous l’influence de l’eau de mer, il se produit un chlorocyanure de mercure et de sodium, poison violent, qui écarte les petits animaux marins.

Pour appliquer l’armature métallique sur l’âme du câble, on opère comme quand on fabrique la tresse, ou toron, des fils du conducteur ; seulement on allonge le plus possible le pas de la spirale, de telle sorte que, pendant l’immersion, l’élasticité du fer n’amène pas la formation de bourrelets. On a même construit des câbles dans lesquels les fils étaient placés parallèlement dans le sens de la longueur du câble, afin d’éviter son allongement par la tension, la formation des nœuds, et une pression trop grande de la matière isolante pendant la pose.

Essai de la résistance du câble. — Le sol, au fond de la mer, présente les mêmes inégalités que sur terre. Il y a sous les Océans, comme à la surface du globe, de hautes montagnes et de profondes vallées. Souvent, la roche vient affleurer, et le câble est ainsi exposé à se heurter contre des corps très-durs. Enfin le conducteur déposé dans la mer n’épouse pas toujours exactement les formes du terrain ; souvent il demeure suspendu entre deux éminences, par-dessus une vallée sous-marine, comme sur un pont. Il est donc nécessaire de connaître le degré de résistance d’un câble après sa fabrication.

Ajoutons qu’en cas d’accident, on doit pouvoir arrêter le filage du câble, et même le relever. Alors la tension qu’il éprouve, par le fait de son propre poids, est considérable, et il importe qu’il puisse résister au poids d’une assez grande longueur de sa propre continuité. Tout câble doit pouvoir, sans se rompre, supporter son propre poids par les plus grandes profondeurs du trajet.

Lorsqu’un fil pesant, ou un câble, est suspendu verticalement, dans l’air ou dans l’eau, la partie supérieure, voisine du point de suspension, supporte le poids entier, qui dépend de sa longueur. Quand ce poids dépasse la limite de résistance du fil ou du câble, il y a rupture.

On nomme module de rupture la longueur qu’un câble télégraphique sous-marin peut supporter sans se rompre. On comprend que cette longueur diffère en raison de sa densité et de sa résistance. Le module d’immersion est la longueur que le câble peut supporter sans danger.

Le module de rupture d’un câble peut être facilement augmenté par l’addition de substances plus légères que l’eau, des plaques de liège, par exemple.

Pour faire l’essai de la résistance d’un câble à la rupture et de son allongement par les poids qu’il supporte, on se sert d’une machine qui a été imaginée par M. Siemens, et que représente la figure 109. À l’une des extrémités d’une poutre B, est fixée une plaque de tôle recourbée, A, munie d’un crochet, auquel on attache le câble à essayer. À l’autre extrémité, C, de cette poutre, est fixé le point