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prons, en ce point, notre récit, pour donner quelques détails sur les procédés qui sont employés pour la réparation des câbles sub-aqueux. Ces procédés sont, en effet, à peu près les mêmes dans tous les cas.

Pour aller à la recherche d’un câble rompu ou perdu, on commence par déterminer approximativement, à l’aide du galvanomètre, le point sur lequel s’est fait la rupture. L’ingénieur trace sur une carte marine, la route qui a été suivie à l’époque de la pose du câble ; puis il se porte avec un bateau à vapeur, à 1 kilomètre environ au-dessus ou au-dessous du câble, selon que la marée descend ou monte.

Dans cette position on jette un grappin à cinq crochets, qui draguent le fond de la mer. On attache une vingtaine de mètres de chaîne de fer à ce grappin, pour en augmenter le poids, et l’on fixe le tout à une corde qui s’enroule sur une poulie solidement fixée sur le pont du navire.

Lorsque le grappin a rencontré le câble, la corde se tend et le navire est pour ainsi dire à l’ancre. Alors, pour amener le conducteur à la hauteur de l’avant du navire, on tire, soit par les bras de l’équipage, soit au moyen d’une petite machine à vapeur spéciale que les Anglais appellent Donkey-Engine. Seulement il faut prendre de grandes précautions pendant le relèvement, qui doit se faire avec une extrême lenteur.

Lorsque le câble est relevé, on le hisse à bord, après l’avoir attaché à une chaîne ; puis on suspend une poulie sur le côté du navire. On engage le câble retiré de l’eau sur la gorge de cette poulie, sans détacher le câble de la chaîne, afin qu’il ne retombe pas à la mer. Cette chaîne est fixée solidement à bord, de sorte que, lorsque le navire, après avoir marché dans la direction du point de rupture, reconnaît qu’il s’en approche, à ce que le déroulement du câble devient très-fort, on tend fortement la chaîne qui le retient, on le hisse à bord pour mettre à l’épreuve sa conductibilité électrique et fixer son extrémité à une bouée, puis on rejette le tout à la mer.

La même opération se fait pour l’autre bout du conducteur ; seulement on soude à son extrémité un morceau de câble, et on le déroule soigneusement en se dirigeant sur l’autre bouée abandonnée précédemment. Là, on fait une nouvelle épissure (soudure) ; puis on attache le câble ainsi réparé à des cordes, et on le coule doucement au fond de la mer, de crainte qu’il ne se noue ou ne s’enroule.

C’est par ces moyens que fut repêché et réparé, en 1858, le câble de Douvres à Calais.

Reprenons maintenant la revue historique des différents câbles sous-marins posés jusqu’à ce jour.


CHAPITRE VI

pose des câbles sous-marins de l’île de candie au rivage égyptien. — câble de candie à smyrne, à chio et aux dardanelles. — la télégraphie sous-marine en australie. — câble des îles baléares, etc. — nouvelle tentative d’immersion du câble de marseille à alger. — nouveaux câbles entre l’angleterre et l’islande, entre l’angleterre et le continent, etc.

Si quelques succès encourageaient l’établissement général des télégraphes sous-marins, d’un autre côté, des déceptions cruelles, de graves accidents, qui entraînaient des pertes considérables, arrêtaient l’essor des capitaux. Des divers conducteurs sous-marins dont nous avons parlé dans les pages précédentes, plusieurs s’étaient rompus, après un très-court service. Tel fut par exemple, le sort du câble qui avait été jeté entre les îles de Malte et de Corfou, pour relier la Sardaigne à la Turquie.

Trois tentatives étaient restées infructueuses pour relier l’île de Candie à Alexandrie, sur le rivage égyptien. La profondeur de la mer en ces parages, allait jusqu’à 3 000 mètres. Le câble employé dans une des tentatives, n’avait qu’une armature de chanvre, que les tarets (mollusques marins), eurent bientôt détruite. Dans un autre essai, le câble se rompit pen-