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s’était offerte pour poser le câble, fut de 1 900 000 francs.

La distance entre Marseille et Alger, étant de 750 kilomètres, la longueur qui fut donnée au câble, fut de 885 kilomètres.

La résistance de ce câble était de 6 000 kilogrammes ; ce qui lui permettait de demeurer suspendu verticalement dans l’eau, à des profondeurs considérables. Au moment de l’expérience où ce câble se rompit, son allongement était d’environ 0,33, sans que les spires des fils de fer fussent écartées, il ne se produisait qu’une simple diminution de diamètre et un suintement de goudron. Dans cette épreuve, le conducteur et la gutta-percha n’avaient éprouvé aucune avarie.

Le câble, après avoir subi d’excellentes vérifications, pour la conductibilité électrique, fut placé à bord du William Cory, qui se rendit à Alger, le 9 septembre 1860.

Après avoir fixé au rivage le gros câble, l’immersion du petit câble commença le 10 septembre, avec une vitesse moyenne de 8 kilomètres par heure. Le lendemain, une coque passa dans les freins, et les communications furent arrêtées, sans qu’il y eût rupture du câble.

Le câble fut relevé d’une profondeur de 2 600 mètres et l’on put atteindre la coque. L’armature n’était pas brisée, mais elle était endommagée : au moment où le câble s’était redressé, la gutta-percha par suite de la tension, avait fait saillie entre deux fils de l’enveloppe, et elle avait été coupée par leur rapprochement. La partie détériorée du câble fut retranchée, on fit une soudure, et l’opération reprise, marcha bien jusqu’au lendemain. La mer devint alors tellement agitée, qu’il fut impossible aux hommes chargés du déroulement d’empêcher la formation de nouvelles coques. Le câble ne put résister, il se rompit à 80 kilomètres de terre, au-dessus d’une profondeur de 2 400 mètres.

Il fallut donc abandonner l’entreprise, et rentrer à Marseille. Seulement, pour profiter de la portion de la ligne immergée jusqu’aux îles Baléares, le câble fut relevé près de l’île de Minorque, où il passait, puis mis en communication avec les câbles qui réunissent ces îles à l’Espagne. Il fallut quatre jours, du 27 au 30 septembre, pour pouvoir ressaisir le câble, mais on en vint à bout.

Le William Cory chargé d’un nouveau câble, semblable au précédent, escorté du Gomer, vaisseau de la marine impériale, recommença l’opération de la pose, le 14 novembre 1860. Malheureusement à 162 kilomètres, un abordage eut lieu entre les deux navires. Le Gomer, par suite d’une fausse manœuvre, étant venu se jeter sur le William Cory, la machinerie et les cheminées furent brisées. Il fallut couper le câble, après y avoir placé une bouée et regagner au plus vite la côte.

Le 13 janvier 1861, on tenta de relever ce câble ; mais la corde du grappin cassa, à la profondeur de 1 700 mètres, et le dragage étant impossible par de pareilles profondeurs, il fallut renoncer à profiter de la partie immergée.

L’opération fut encore reprise en août 1861, en adoptant le tracé de Mahon à Port-Vendres. Elle fut effectuée heureusement par le steamer le Berwick, escorté de l’aviso à vapeur le Brander. Du 31 août au 7 septembre 1861, on immergea 418 kilomètres de câble, pour une distance de 344 kilomètres, c’est-à-dire un cinquième de plus que la longueur en ligne droite.

Le 1er octobre une perte d’électricité se déclara ; on s’occupa donc de relever le câble d’une profondeur de 2 400 mètres, et cette opération périlleuse fut menée à bonne fin. Le 5 du même mois, 30 kilomètres étaient relevés, et le point vulnérable signalé. La pose se termina le 7. La communication immédiatement établie jusqu’à Alger, donna pour une longueur totale de 850 kilomètres, une vitesse de 8 à 10 mots par minute.

Malheureusement on s’était servi, pour