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pour atteindre le but. Les instructions nautiques sur le banc de Skerki disent : « Les courants sont violents et sans direction certaine, ce qui rend la navigation très-difficile dans cette partie de la Méditerranée. »

À midi et demi, l’île de Maretimo étant visible à 70 kilomètres, par estime, M. Canning résolut de conduire le câble dans les bas-fonds qui l’entourent. On se dirigea droit sur cette île. Les courants dérangeaient constamment la direction ; mais, la terre étant en vue, on gouvernait en conséquence. À 3 heures, la houle devint de plus en plus forte. À 7 heures, le navire était au large de Maretimo, le vent et la mer grossissaient ; on voyait paraître des indices de mauvais temps, le bout du câble fut scellé et attaché à une bouée, à 250 mètres de la côte, par 110 mètres d’eau. Le navire prit le large se disposant à atterrir le lendemain ; mais un grain s’éleva, et il dut se réfugier à Farignano, où le Malfatano vint le rejoindre. Tous deux repartirent pour Trapani, afin de demander à Londres, par le télégraphe, l’autorisation d’employer à compléter cette ligne, la partie qui restait du câble d’Alexandrie, déposée à Malte en septembre 1861.

Le 12 janvier 1863, le Hawthorns, après avoir été chercher le câble, reprit l’immersion ; mais la mer redevint houleuse. À 10 heures du soir la nuit était noire, l’eau profonde, des récifs apparaissaient ; on jeta l’ancre. Le 14, la mer était calme, les bateaux purent amener le câble à la côte à 4 heures du soir, l’extrémité fut attachée dans une vieille tour sarrasine appelée Torre Nubia, à 18 kilomètres de Marsala et à 2 500 mètres de Trapani.

La longueur des câbles ainsi posés est de 390 kilomètres ; la distance réelle est de 280 kilomètres ; la perte de fil pendant la pose s’était élevée à près de 40 pour 100, ce que l’on comprend sans peine d’après l’absence du navire qui était chargé de tracer la route.

En 1863, un petit câble fut posé entre l’île d’Elbe et la Toscane ; un autre entre Otrante et Aulona. Ce dernier se brisa en 1864 ; mais M. Henley réussit à le relever d’une profondeur de 1 040 mètres, et à le réparer.

Le câble posé entre Malte et Alexandrie et atterrissant à Tripoli et Benghazi, se rompit également en 1864, à deux reprises différentes ; mais il fut réparé, grâce au peu de profondeur de la mer dans ces parages.

Fig. 128. — Troisième câble de l’Algérie, construit par M. Siemens, de Berlin (grandeur naturelle).

Au mois de juillet 1863, une troisième tentative fut faite pour relier la France à l’Algérie. Le câble qui fut immergé était d’un modèle nouveau, dû à M. Siemens, célèbre physicien de Berlin, directeur des télégraphes de Prusse. Il se composait (fig. 128) d’un toron de sept fils de cuivre A, d’une enveloppe de gutta-percha B, couverte d’un revêtement de caoutchouc C, formant la gaîne isolante, de deux couches de fortes cordes de chanvre D, E, saturées de goudron, appliquées à spires croisées, enfin d’une armature F, faite de bandes flexibles de cuivre, dont les spires se recouvraient. Le diamètre