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plus affirmative encore. Comme il avait fait en 1843, des expériences tendant à prouver la possibilité de l’établissement d’un télégraphe transatlantique, il répondit à M. Field que, depuis cette époque, sa confiance dans l’entreprise n’avait fait que s’accroître, et qu’il ne doutait point que la transmission de l’électricité d’un hémisphère à l’autre, ne se fît avec une régularité parfaite.

Fig. 134. — Le commandant Maury, directeur de l’Observatoire des États-Unis.

L’assentiment des savants était beaucoup dans cette affaire ; mais ce n’était pas tout : il fallait celui des capitalistes. M. Field se mit en campagne pour constituer une société financière qui achèterait les travaux faits à l’île de Terre-Neuve et dans le golfe Saint-Laurent, et qui s’occuperait ensuite de poser le câble océanien.

Après divers meetings, qui eurent lieu chez M. Cyrus Field, et où la question fut approfondie, on résolut, le 7 mars 1854, de former une Compagnie transatlantique. MM. Cyrus Field, son père et M. White, furent chargés de faire les démarches nécessaires pour acheter à la Compagnie de Terre-Neuve le privilége que le parlement canadien lui avait accordé pour exploiter pendant cinquante ans la télégraphie sous-marine et terrestre à Terre-Neuve, au Labrador, dans la province du Maine, de la Nouvelle-Écosse et dans l’île du Prince-Édouard. Ils réussirent dans cette négociation : 200 000 francs furent comptés à M. Gisborne pour racheter les privilèges de la compagnie de Terre-Neuve.

Une faveur importante fut bientôt accordée à la Compagnie transatlantique. Les gouvernements anglais et américain lui accordèrent une subvention annuelle de 350 000 francs chacun, pendant la durée de l’exploitation de la ligne, une fois établie. Les deux gouvernements promettaient aussi leur concours pour les études préliminaires et pour les opérations de l’immersion du câble transatlantique.

On décida, sans plus tarder, que les travaux commenceraient l’année suivante.

Le premier pas de cette grande entreprise fut la réunion de Saint-Jean de Terre-Neuve avec les grandes lignes qui existaient déjà dans le Canada et aux États-Unis.

M. Field partit pour l’Angleterre, après y avoir préalablement commandé des échantillons d’un câble, destiné à traverser le golfe Saint-Laurent, pour relier Terre-Neuve au continent américain ; de sorte qu’à son arrivée, avec l’aide des ingénieurs, MM. Brunel, Bright, Brett et Whitehouse, il put procéder aux expériences.

Le câble pour la traversée du golfe Saint-Laurent, était composé de trois fils de cuivre parfaitement isolés. M. Field entreprit, sous la direction de M. Canning, de l’immerger dans le golfe Saint-Laurent, entre le cap Ray et le continent américain. Cet essai se fit au mois d’août 1855. Malheureusement dans les parages du cap Ray (Terre-Neuve), une tempête ayant assailli le bâtiment, le capitaine du navire jugea nécessaire de couper le câble.

Cet échec ne produisit aucun découragement ; la pose fut reprise l’année suivante.