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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/249

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Fig. 143. — Soudure des deux bouts de chaque moitié du câble atlantique, exécutée, au milieu de l’Océan, à bord du Niagara, le 29 juillet 1858 (page 246).


trouverait dans le fond des inégalités que l’on n’aurait pas découvertes avec la sonde.

« Mercredi, le temps était magnifique. À midi, nous étions à 33 lieues de la station télégraphique de Valentia. Vers minuit on aperçut les lumières de la côte, et, jeudi matin, les rochers élevés qui donnent un aspect aussi sauvage que pittoresque aux environs de Valentia se présentèrent à nos yeux, à quelques milles de distance. Jamais peut-être navigateurs n’ont accueilli la vue de la terre avec autant de joie, puisqu’elle constatait la réussite d’un des projets les plus grands, mais en même temps les plus difficiles qui aient jamais été conçus. Comme on ne paraissait pas se douter de notre arrivée, le Valorous alla en avant et tira un coup de canon. Aussitôt les habitants se portèrent sur une foule d’embarcations à notre rencontre. Bientôt après on reçut un signal du Niagara indiquant que lui aussi était arrivé à la terre. Il avait coulé 386 lieues de câble, et l’Agamemnon 383 lieues, ce qui donna pour toute la longueur du câble immergé 770 lieues ou 2 050 milles géographiques. Le bout du câble fut amené à terre par MM. Bright et Canning, auxquels on est redevable du succès de l’entreprise ; il fut placé dans une tranchée creusée pour le recevoir, et les salves de l’artillerie annoncèrent que la communication entre l’ancien et le nouveau monde était complète. »

Après le récit du correspondant du Times, racontant le voyage de l’Agamemnon, nous rapporterons quelques extraits du journal dans lequel M. Cyrus Field, embarqué sur le Niagara consignait, heure par heure, les incidents de l’immersion du câble sous-marin. On aura ainsi le tableau complet de l’expédition de 1858.

Ce qui frappe dans la lecture du journal du voyage du Niagara, c’est le concours de circonstances vraiment providentielles qui détermina le succès de l’entreprise. Grâce à un temps d’une sérénité et d’un calme inaltérables, le Niagara ne mit que 6 jours et demi à franchir la distance entre son point de départ et Terre-Neuve. La distance parcourue dans cet intervalle fut de 330 lieues, et la longueur du câble dévidé de 386 lieues. Or, si l’on réfléchit que le Niagara avait à peine à bord une totalité de 415 lieues de câble, on comprendra aisément les conséquences désastreuses qu’au-