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Dans les câbles antérieurs la jute, plante textile des Indes, interposée entre la gutta-percha et l’armature de fer, était enduite de goudron ; ce qui avait eu l’inconvénient de dissimuler les fissures qui pouvaient se produire dans la gutta-percha ; ces défauts ne se manifestaient qu’après l’immersion, lorsque l’eau avait emporté le goudron. Dans le nouveau câble, le bourrelet fut formé d’un tissu de jute, injecté simplement d’une dissolution saline toxique préservatrice, qui écartait les causes de décomposition organique.

L’armature fut fabriquée chez MM. Webster et Horsfak. Le fer était laminé en barres à leur établissement près de Sheffield, et étiré en fils à leur autre fabrique, à Hay-Mills, près de Birmingham. Ce fil de fer a presque la solidité de l’acier. Seulement par un mode spécial de préparation, on l’a privé entièrement de son élasticité, qui aurait entraîné la formation de coques, au moment du dévidement. Les fils de fer, enroulés sur un tambour, étaient tirés horizontalement au travers d’un cylindre creux portant à sa circonférence des bobines couvertes de chanvre de Manille, que l’on faisait converger au centre du cylindre, où passait le fil métallique, de telle sorte qu’il s’enroulait autour de cet axe.

Les fils ainsi recouverts et enroulés eux-mêmes sur des bobines, étaient placés sur des axes, fixés à la circonférence d’une table ronde, dans un appareil du genre de celui dont nous avons donné le dessin page 237. Les dix fils de fer enroulés sur les dix bobines étaient déroulés par le mouvement vertical du câble autour duquel ils s’enroulaient en spirale, après avoir tourné autour des guides de fer. On conçoit ainsi que le pas de la spire devait être d’autant plus allongé que ces guides étaient plus élevés.

En sortant de cet appareil, l’âme du câble, revêtue de son armature de fils de fer, s’élevait verticalement au travers du trou central de la plate-forme en révolution, et passait au travers du plafond de l’atelier.

Le câble ainsi achevé, était lové dans d’immenses bassins remplis d’eau. Il était journellement soumis à des épreuves de conductibilité électrique par les constructeurs et par les agents de la Compagnie.

Le diamètre total du câble terminé était de 27 millimètres. Son poids, qui était, par chaque kilomètre, de 982 kilogrammes dans l’air, se réduisait dans l’eau, à 390 kilogrammes. Sa force de résistance à la rupture était de 7 860 kilogrammes. Il était susceptible de soutenir verticalement son propre poids, sur une hauteur de 2 kilomètres, dans l’air.

Fig. 151. — Câble atlantique de 1865 (grandeur naturelle).

La distance des points extrêmes de la ligne étant de 3 100 kilomètres, le câble entier avait 4 760 kilomètres de longueur, ce qui laissait pour les pertes près de 40 pour 100. En outre, on avait fabriqué pour les atterrissements un câble côtier, du diamètre de 56 millimètres et d’un poids de 10 700 kilogrammes par kilomètre. La longueur de ce dernier câble était de 50 kilomètres.

Le prix à payer aux entrepreneurs, avait été fixé à 17 500 000 francs, indépendam-