Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La galvanoplastie est, en effet, de toutes nos inventions, celle qui prépare à l’avenir les plus singuliers, les plus étonnants résultats. Elle est appelée, dans un temps plus ou moins prochain, à produire des modifications profondes dans les procédés actuels de l’industrie. Par elle, la pile voltaïque, descendue du laboratoire du savant, est venue s’asseoir dans l’atelier, et les procédés scientifiques ont trouvé leur place dans les opérations des arts. Le rôle de la pile, comme agent de l’industrie, est destiné à acquérir tôt ou tard une importance de premier ordre, et le moment n’est peut-être pas très-éloigné où les courants électriques et les traitements par les réactifs, remplaceront, dans nos usines, les grandes opérations par le feu. Alors, les ateliers de la métallurgie présenteront un spectacle singulier. Au lieu de ces foyers immenses qui dressent éternellement vers le ciel leurs tourbillons enflammés, un instrument presque informe, composé de l’assemblage d’acides et de métaux, accomplira les mêmes opérations sans dépense et sans bruit. Au lieu de ces armées d’ouvriers qui s’agitent jour et nuit, consumés par le feu, noircis par la fumée, livrés aux labeurs les plus rudes, on verra, dans une série de beaux laboratoires, une légion de tranquilles opérateurs, s’appliquer à manier en silence les appareils d’électricité, et soumettre les minerais et les métaux au jeu varié des affinités chimiques.

Cette pensée paraîtra sans doute à bien des lecteurs empreinte d’exagération. C’est qu’en effet, la galvanoplastie est encore assez peu connue parmi nous. Il nous suffira donc, pour justifier notre pensée, de décrire ses procédés, l’état présent de cet art nouveau, et les applications qu’il a reçues. On comprendra, d’après les résultats obtenus aujourd’hui, ce que l’avenir peut attendre de cette nouvelle et brillante application des travaux scientifiques de notre époque.

On donne le nom de galvanoplastie à un ensemble de moyens qui permettent de précipiter sur un objet, par l’action d’un courant voltaïque, un métal faisant partie d’un sel, dissous lui-même dans l’eau, de manière à former à la surface de cet objet, une couche continue, qui représente exactement tous les détails de l’original.

Les opérations galvanoplastiques permettent de reproduire les médailles, les monnaies, les sceaux, les cachets, les timbres, les bas-reliefs et même les statues. Les chefs-d’œuvre de la sculpture, reproduits à peu de frais, peuvent ainsi devenir populaires, et multipliés indéfiniment, braver les injures du temps, comme les atteintes des hommes. La galvanoplastie est donc à la sculpture ce que l’imprimerie est à la pensée humaine.

La galvanoplastie peut encore multiplier à volonté, une planche gravée sur métal ou sur bois, et rendre ainsi éternelle le type primitif sorti des mains de l’artiste. En transformant en un cliché de cuivre, une planche gravée sur bois, elle a donné une extension prodigieuse à la gravure sur bois qui orne les publications pittoresques et les livres de science. Une gravure sur bois ne pouvait tirer que 10 000 à 12 000 exemplaires : transformée, par la galvanoplastie, en un cliché de cuivre, métal d’une grande dureté, elle permet de tirer, jusqu’à 100 000 exemplaires, tout en réservant le type original de bois, qui peut servir à reproduire indéfiniment un cliché de cuivre tout semblable.

La galvanoplastie vient encore en aide à la typographie, en donnant le moyen de fabriquer des moules pour la fonte des caractères d’imprimerie et même des caractères pour l’impression. Se prêtant à tous les caprices de l’art, elle permet de reproduire en cuivre les moules obtenus avec toute espèce d’objets naturels, tels que des fruits, des végétaux, des parties d’organes empruntées aux animaux ou aux plantes.

Dans une sphère différente, les procédés électro-chimiques répondent aux besoins de