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cuivre sortant des mains de l’artiste. On peut prendre, avec la gélatine ou la gutta-percha, une contre-épreuve de cette planche. Plaçant ensuite dans un bain de sulfate de cuivre ce moule préalablement rendu conducteur de l’électricité par une légère couche de plombagine, on obtient une planche de cuivre parfaitement identique au type primitif.

Ce premier moyen donne des résultats suffisants pour reproduire des planches d’un travail qui n’est pas extrêmement délicat. Mais, s’il s’agit de multiplier par l’électro-chimie une planche, en taille-douce ou en relief, d’un travail très-perfectionné et sur laquelle le burin de l’artiste a épuisé toutes les ressources de l’art, aucun procédé de moulage ne saurait donner de résultat satisfaisant. Il faut alors, sans craindre de détériorer et de compromettre une œuvre précieuse qui a pu coûter des années entières de travail, plonger la planche même dans le bain électro-chimique. Ce procédé hardi est aujourd’hui employé en Allemagne et en France avec un succès incontestable. Disons seulement que l’on a la précaution, en Allemagne, de recouvrir la planche, placée dans le bain, d’une légère couche d’un corps gras destiné à prévenir l’adhérence de la reproduction galvanoplastique avec l’original, et à faciliter, après l’opération, la séparation du moule d’avec la copie. Mais quelque légère que soit la couche de ce corps gras, elle a l’inconvénient de provoquer, à la surface des planches matrices et des reproductions, un léger grain où vient se loger le noir d’imprimerie. M. Hulot, graveur à la Monnaie de Paris, reproduit une planche de cuivre ou d’acier, plongée directement dans le bain électro-chimique, sans faire usage d’aucun corps gras pour prévenir l’adhérence.

Ce ne sont pas seulement les plaques gravées sur cuivre qui peuvent être reproduites par la galvanoplastie : on peut obtenir aussi la reproduction de planches d’acier. Seulement il faut une opération préalable, la planche d’acier ne pouvant être placée dans le bain de sulfate de cuivre, puisque la dissolution de ce sel serait attaquée chimiquement par le fer qui fait partie de l’acier.

Pour reproduire une planche d’acier, on la plonge dans une dissolution de cyanure double de cuivre et de potassium, qui est sans action sur le fer, et l’on soumet ce bain à l’action de la pile : lorsque la planche s’est ainsi recouverte d’une première couche de cuivre, on la place dans un bain ordinaire de sulfate de cuivre, et on laisse le dépôt voltaïque se terminer.

La reproduction des planches gravées est l’une des plus belles et des plus utiles applications qu’ait reçues la galvanoplastie. On comprend, en effet, que si une planche de cuivre, terminée par le burin du graveur, peut être tirée à un certain nombre de types nouveaux, identiques avec le premier modèle, l’œuvre de l’artiste est ainsi rendue éternelle, et le tirage ne connaît plus de limites. L’importance des applications de la galvanoplastie à la reproduction des gravures a fait répandre promptement en Allemagne l’emploi de ce procédé. L’imprimerie impériale d’Autriche a reproduit ainsi un grand nombre de planches gravées sur cuivre et sur acier, et dans le reste de l’Allemagne, les moyens électrotypiques appliqués à la reproduction des planches de cuivre et d’acier sont d’un usage général. En France, on a poussé plus loin encore la perfection de ces reproductions galvaniques, et rien, par exemple, ne saurait être comparé à la reproduction faite par M. Hulot, de la planche de M. Henriquel Dupont, représentant une Vierge de Raphaël.

L’art de la gravure emprunte encore le secours de la galvanoplastie pour la reproduction des clichés, qui servent à imprimer les gravures sur bois. On connaît l’extension considérable qu’a prise de nos jours, la gravure sur bois, et la perfection qu’elle a atteinte. Mais un bois gravé ne peut suffire