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La galvanoplastie peut aller jusqu’à supprimer la gravure sur bois elle-même, c’est-à-dire transformer, sans aucun intermédiaire, le dessin de l’artiste en un cliché de cuivre, propre à servir directement au tirage typographique.

On donne le nom de procédé Coblence, du nom de son inventeur, artiste de mérite auquel la galvanoplastie a dû de grands progrès, à une méthode qui permet de supprimer le travail du graveur sur bois. Nous allons faire connaître sa mise en pratique.

L’artiste exécute son dessin sur une plaque de zinc polie, au moyen d’un vernis isolant, composé de bitume dissous dans l’essence de térébenthine, en se servant soit d’une plume, soit d’un pinceau. On plonge dans de l’eau acidulée par l’acide azotique et marquant 3° à l’aréomètre, la plaque de zinc portant ce dessin en bitume, en ayant seulement la précaution de graisser sa face postérieure, qui ne porte point de dessin, pour la défendre de l’action de l’acide. On retire la plaque du bain d’eau acidulée, lorsque le brillant du zinc est devenu mat, ce qui indique qu’il a été attaqué par l’acide. On nettoie alors, avec de l’essence de térébenthine, la plaque tout entière, qui présente le dessin se détachant par la surface brillante du zinc, sur le fond mat attaqué par l’acide. Avec le même vernis qui a servi à tracer le dessin, on recouvre toute la plaque d’une manière uniforme ; puis, avec la paume de la main, on nettoie délicatement la plaque ainsi vernissée. Pendant cet essuyage, les parties mates du zinc, dont la surface est rugueuse, retiennent le vernis, tandis que les parties brillantes ne le retiennent point. On a ainsi une surface qui reproduit le dessin au moyen d’un vernis sur une plaque de zinc. On place cette plaque, en cet état, dans un bain de cuivrage galvanoplastique, c’est-à-dire dans la dissolution de cyanure double de potassium et de cuivre, en attachant la plaque au fil négatif de la pile, qui est elle-même séparée du bain. Il faut opérer à chaud et maintenir seulement pendant vingt minutes, l’immersion dans le bain de cuivrage. Le cuivre ne se dépose point sur les parties recouvertes de vernis, substance non conductrice de l’électricité ; il se précipite seulement sur le zinc brillant, qui est à découvert. Quand ce cuivrage a été opéré, on enlève le vernis avec une brosse et de l’essence de térébenthine chaude, et l’on a, en définitive, une plaque de zinc sur laquelle le dessin est reproduit par un léger dépôt de cuivre.

Ce dépôt de cuivre est beaucoup trop mince, et son relief beaucoup trop faible, pour que l’on puisse songer à faire un tirage typographique avec une telle plaque. Il faut donc s’occuper de la creuser, de manière à donner au trait le relief exigé. Or, le zinc est très-attaquable par les acides à froid, tandis que le cuivre résiste à leur action. Un acide faible, agissant sur cette plaque, peut donc attaquer et creuser le zinc, en respectant le cuivre.

La liqueur acide dont M. Coblence fait usage pour attaquer ses plaques, est ainsi composée :

Eau 
10 parties en poids
Acide azotique 
2
Acide sulfurique 
1
Sulfate de cuivre cristallisé 
4
Sulfate de fer cristallisé 
4

On plonge la plaque pendant deux minutes seulement, dans cette eau acidulée, qui ronge le zinc sans toucher au cuivre, et l’on obtient ainsi un relief très-sensible. Mais ce relief ne serait pas encore suffisant. Pour creuser davantage et donner encore plus de saillie, on passe sur la plaque une couche d’encre d’imprimerie, et on la remet dans l’eau acide, ce qui lui donne un relief suffisant pour le tirage typographique.

Pour terminer et donner à cette planche gravée l’aspect des clichés ordinaires qui servent au tirage typographique, on place pendant quelque temps, le cliché dans un bain galvanoplastique de cyanure de cuivre,