Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

brillent dans nos musées, comme au temps où ils servaient à embellir la demeure ou à former la parure des patriciennes de Rome. C’est dans le musée de Naples, où l’on a rassemblé l’innombrable collection d’objets de toute nature trouvés en déblayant Pompéi, que nous avons pu vérifier par nous-même, la justesse de cette remarque. Les bijoux et les ornements d’or s’y voient en profusion ; non que ce métal servît uniquement pour l’ornement de la toilette des habitants de Pompéi, mais parce que, seul, l’or a résisté à l’action du temps.

Dans les rares vestiges qui nous restent de la Rome des empereurs, dans les quelques débris, encore debout, des temples de l’ancienne Égypte, on retrouve çà et là quelque parcelle de dorure. Ici l’or a duré plus que le granit ou le calcaire. En effet, le granit se désagrège et se dissout, en partie, au contact prolongé de l’atmosphère, et le calcaire finit par être emporté par les eaux coulant au contact de l’air et chargées de gaz acide carbonique. Tous ces agents atmosphériques sont sans action sur l’or.

Il est une autre qualité, une qualité physique, qui centuple les avantages de l’or, comme métal usuel : c’est sa malléabilité, c’est-à-dire la propriété qu’il possède, de s’étendre sous le marteau en lames, puis en feuilles, prodigieusement minces. Tout le monde a lu, dans les traités de physique, des exemples extraordinaires de la malléabilité de l’or. On a vu par exemple, qu’une once d’or peut se réduire en feuilles, qui, étalées, couvriraient un espace de 50 mètres carrés.

Cette prodigieuse malléabilité fait que l’or est, en définitive, un métal économique. Si nous jetons les yeux autour de nous, dans nos demeures, sur nos places publiques, sur nos monuments, dans toutes nos décorations, nous y verrons de l’or partout, de l’or jeté à profusion, avec une sorte de prodigalité. Mais cette prodigalité n’est qu’apparente ; elle cache une véritable, une incontestable économie. La double propriété de ce métal, de résister aux agents atmosphériques et de pouvoir s’étendre en feuilles infiniment minces, explique l’innombrable diversité de ses applications usuelles. Réduit à l’état de lames ou de feuilles de la plus petite épaisseur, l’or conserve toute son inaltérabilité ; si bien que l’on peut rendre indestructibles les métaux et d’autres substances, au moyen d’une couche extrêmement faible d’or. Remarquez enfin, que la couleur brillante et pure de ce métal, est toujours d’un admirable effet, et vous comprendrez que, de tout temps, autrefois comme aujourd’hui, l’or ait été employé et comme objet de décor et comme moyen de préservation.

La dorure, qui résume à elle seule tous les emplois de l’or, a donc été en usage dès les temps les plus anciens. Elle embellissait les temples des dieux, aux premiers temps de la civilisation orientale ; elle revêtait les lambris et les plafonds des sanctuaires mystérieux de l’ancienne Égypte ; elle couvrait jusqu’au toit du temple de Jérusalem, et décorait l’intérieur des tabernacles de ce temple vénéré. Elle fut prodiguée dans les palais des Césars, comme dans les basiliques de Rome, Les cathédrales du moyen âge lui empruntèrent leurs plus somptueuses décorations ; et de nos jours, encore, c’est la dorure qui orne, non-seulement nos palais et nos demeures aristocratiques, mais encore nos salons bourgeois et nos vulgaires cafés. Ajoutons que les meubles usuels, les grillages de fer, les cadres de glace, les siéges, les pendules, les lampes, etc., etc., demandent à la fois leur ornementation et leur conservation à une mince pellicule de ce métal précieux.

On ne connaît pas exactement les procédés de dorure qui servaient aux anciens Orientaux ; mais on sait fort bien, grâce à l’Histoire naturelle de Pline, cet inappréciable