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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/367

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à ces conditions. Mais on se souvenait, avec regret, des tristes résultats de l’opération faite à Saint-Pétersbourg, en 1837. D’un autre côté, on se défiait de la dorure électro-chimique, dont on avait déjà abusé en Russie, comme ailleurs, en n’appliquant que de minces couches d’or. L’argument puisé dans la résistance et la bonne qualité de la dorure de la coupole intérieure de Saint-Isaac, à Saint-Pétersbourg, n’était pas admis, par cette raison, d’ailleurs fondée, que cette coupole, se trouvant à l’intérieur de l’église, est à l’abri des influences nuisibles de l’atmosphère.

C’est alors que le duc de Leuchtemberg eut l’idée du procédé dont nous avons signalé plus haut le principe. Sur les grandes plaques de cuivre, déjà dorées par la pile au moyen du cyanure d’or, il fit précipiter une couche de mercure par la pile, en les plaçant dans un bain de cyanure de mercure. Ces plaques, ainsi recouvertes d’amalgame d’or, étaient introduites dans des fours chauffés et munis d’excellentes cheminées qui provoquaient un tirage énergique. Le mercure s’évaporait sans se répandre dans les ateliers, et l’or demeurait, ayant contracté, pendant son amalgamation momentanée, une adhérence puissante avec le cuivre.

Voilà comment fut dorée la coupole extérieure de la cathédrale du Sauveur, à Moscou.

Nous devons ajouter que ce procédé fut également mis en pratique dans l’usine électro-chimique de Ch. Christofle, à Paris, en plus d’une circonstance, depuis l’année 1852.

C’est ce même procédé que le jury de l’Exposition universelle de 1867 a honoré d’un grand prix, en se trompant singulièrement, on le voit, sur son inventeur. Cette méthode, récompensée comme nouvelle, avait déjà servi à déposer de l’or pour une somme de plusieurs millions, tant en Russie qu’en France.

Nous savons bien que les savants français sont, en général, fort ignorants de ce qui se passe à l’étranger, et que, pour la plupart d’entre eux, le monde scientifique est compris dans le périmètre qui s’étend de l’Institut à la Sorbonne et de l’Observatoire au Jardin des Plantes ; de telle sorte que bien des découvertes admirées chez nous comme nouvelles, sont depuis longtemps chose vulgaire à l’étranger. Mais ce qui nous surprend, c’est qu’un jury international, qui renferme, comme son nom l’indique, quelques membres étrangers, ait ignoré un fait connu en Russie de tous les hommes de science, et qui est rapporté dans les Mémoires de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg.


CHAPITRE XI

l’argenture voltaïque. — importance de l’argenture voltaïque au point de vue des arts. — son utilité pour la salubrité publique et le commerce des métaux précieux. — description du procédé pour argenter par la pile. — l’argenture par immersion.

Nous arrivons à la partie la plus importante de l’électro-chimie. L’argenture voltaïque, répandue aujourd’hui dans le monde entier, a complétement révolutionné nos habitudes. Elle a mis à la disposition de tous, des produits que l’on considérait autrefois comme l’apanage exclusif du luxe. Les couverts argentés par la pile, se voient dans tous les ménages quelque peu aisés ; il serait à désirer qu’ils remplaçassent partout la vaisselle d’étain, et le jour viendra de cette heureuse substitution. En attendant, la vaisselle argentée par la pile tend à faire pénétrer partout le goût du beau et du confortable, par l’élégance des formes qui lui est propre et l’inaltérabilité dont elle a le privilège. Elle a, en même temps, l’avantage d’assurer au possesseur la tranquillité d’esprit. Les couverts de table que l’on confectionnait autrefois en argent massif, se fabriquent maintenant avec un métal sans valeur, le maillechort, recouvert d’une couche d’argent, qu’il est facile de renouveler après l’usure. Il résulte de là qu’un maître de maison