Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

on obtient ainsi de l’azotate d’argent, que l’on évapore à siccité, pour chasser tout excès d’acide : il est même bon de pousser la chaleur jusqu’à provoquer la fusion de l’azotate d’argent. On fait dissoudre dans 25 litres d’eau cet azotate d’argent fondu.

D’autre part, on a fait dissoudre dans 10 litres d’eau, 2 kilogrammes de cyanure de potassium pur. On verse la dissolution du cyanure de potassium dans celle de l’azotate d’argent, ce qui donne un précipité insoluble de cyanure d’argent. On recueille sur un filtre ce cyanure d’argent, et on le lave ; puis on le délaye dans une dissolution de 2 kilogrammes de cyanure de potassium dans 10 à 20 litres d’eau. Le cyanure d’argent ne tarde pas à se dissoudre dans ce liquide, en formant du cyanure double de potassium et d’argent, soluble dans l’eau. On ajoute alors une quantité d’eau suffisante pour faire un volume de 100 litres. C’est là le bain propre à l’argenture : il faut seulement le faire bouillir pendant deux ou trois heures avant de s’en servir. M. Bouilhet recommande d’ajouter à ce bain 1 kilogramme de cyanure double de potassium et de fer (prussiate jaune de potasse ) pour le rendre immédiatement propre à l’argenture[1].

Tandis que la dorure voltaïque se fait mieux à chaud qu’à froid, l’argenture, au contraire, s’opère mieux à froid qu’à une température élevée, ce qui simplifie l’opération.

On opère l’argenture des couverts dans des cuves en bois, de forme rectangulaire, doublées de gutta-percha. On leur donne une hauteur convenable, pour que les pièces qu’on y suspend soient surnagées par 0m,10 de liquide, en laissant la même distance entre elles et le fond ou les parois latérales de la cuve. Le long des bords de cette cuve, règne une tringle de cuivre, à laquelle on suspend les lames d’argent ou anodes, destinés à maintenir le bain saturé de cyanure d’argent. Ces anodes sont tous reliés entre eux par un châssis, et communiquent avec le pôle positif de la pile. Une seconde tringle règne le long des bords de la cuve. Les objets à argenter sont suspendus à cette seconde tringle, par des crochets ; et ce second système communique avec le pôle positif de la pile. Les deux tringles, qui font le tour du support de la cuve, sont parfaitement séparées l’une de l’autre, puisqu’elles représentent les deux pôles opposés de la pile ; leur hauteur est même différente, afin qu’une lame de métal, disposée transversalement ne puisse se poser que sur les deux côtés d’une même tringle sans toucher l’autre. Sans cela, la communication serait établie entre les deux pôles, et le courant ne traverserait plus le bain.

Fig. 224. — Cuve et bain pour l’argenture voltaïque.

La figure 224 représente la cuve pour l’argenture voltaïque, avec les dispositions qui viennent d’être décrites.

  1. Dictionnaire de chimie industrielle de MM. Barreswil et Girard, t. II, p. 130.