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sance du moteur électro-magnétique, estimée approximativement, ne représenta que les trois quarts de la force d’un cheval-vapeur.

Un si faible effet mécanique, déterminé par un courant électrique d’une activité si considérable, démontra à l’auteur et aux spectateurs de cette expérience, qu’il serait impossible d’appliquer cette machine à un travail industriel. M. Jacobi, en soumettant la question au calcul, dans un mémoire digne encore d’être médité, prouva, peu de temps après, que l’électro-magnétisme ne pouvait donner lieu à aucun emploi utile comme agent moteur.

Ces tentatives pour l’application de la force électro-motrice, qui venaient d’échouer sur les bords de la Newa, furent reprises l’année suivante, en Amérique. Cependant, avant de nous transporter aux États-Unis, nous pouvons signaler quelques idées émises en France, à la même époque.

En 1840, MM. Patterson présentèrent à l’Académie des sciences de Paris une machine qui devait être consacrée, au dire des inventeurs, à l’impression d’un journal hebdomadaire. C’était promettre beaucoup à une époque où les applications de l’électro-magnétisme étaient encore enveloppées de tant d’obscurité et d’incertitude. Ce projet n’eut aucune suite. L’appareil de MM. Patterson est digne pourtant d’être mentionné.

Il consistait en une roue portant sur sa circonférence, deux morceaux de fer doux, placés chacun à des distances égales. Par le mouvement de la roue, ces morceaux de fer venaient passer devant deux aimants artificiels, dont l’aimantation était subitement interrompue au moment où les morceaux de fer se trouvaient en présence et presque au contact de ces aimants. La roue continuait alors à marcher par sa vitesse acquise, et à l’aide d’une disposition particulière, facile à imaginer, le courant électrique se trouvait rétabli lorsque plus de la moitié de l’espace qui séparait les morceaux de fer, avait été parcourue. Pour déterminer à volonté la direction du mouvement de droite à gauche ou de gauche à droite, il suffisait de commencer l’attraction, tantôt un peu en avant, tantôt un peu après le milieu de l’intervalle qui séparait les deux morceaux de fer attirables. Enfin, pour changer le mouvement pendant la marche de la machine, on déplaçait d’une petite quantité l’appareil qui servait à établir et à supprimer la communication électrique.

La pierre de touche en ces sortes de recherches, c’est-à-dire l’application pratique, manqua à l’appareil de MM. Patterson ; mais il en fut autrement d’une machine presque toute semblable, qui fut construite, en 1840, à New-York, par M. Taylor. D’après le Mechanic’s Magazine[1] l’appareil de M. Taylor fut employé avec un succès complet pour mettre en marche un petit tour de bois.

Un appareil du même genre fut soumis en Écosse, en 1842, à une expérience qui mérite d’être rapportée. Après avoir perfectionné l’appareil à roue de Patterson, M. Davidson l’installa sur une locomotive, qui fut mise en mouvement, avec une vitesse de 2 lieues à l’heure, sur le chemin de fer d’Édimbourg à Glasgow. La locomotive était montée sur quatre roues d’un mètre de diamètre, et elle traînait un poids de six tonnes[2].

Ici se placeraient, si l’on tenait à rendre complet ce rapide aperçu historique, quelques tentatives faites en France et qui sont représentées par quelques brevets accordés à diverses personnes. Mais dans cette question, comme dans toutes celles du même genre, on ne peut tenir sérieusement compte de simples mentions contenues dans un brevet ; on ne doit s’attacher qu’aux expériences constatées et aux appareils qui ont été mis en pratique. Nous sommes obligé, pour rester dans cette voie, de revenir aux États-Unis.

Les Américains, que l’on est sûr de trouver en première ligne toutes les fois qu’il s’agit

  1. Mai 1840.
  2. Civil engineer’s Journal, octobre 1842.