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leur découverte avait excité l’envie et l’admiration de l’Europe ; leur fortune s’était épuisée dans de longues et dispendieuses études ; ils avaient donné à l’administration quarante années de leur vie : ils avaient donc bien acquis le droit de mourir à leur poste.

L’année 1830 marque un temps d’arrêt dans l’histoire de la télégraphie aérienne. Nous en profiterons pour donner la description détaillée, que nous n’avons pu présenter encore, de l’appareil télégraphique de Chappe. Nous jetterons ensuite un coup d’œil rapide sur l’adoption qui fut faite en divers pays de l’Europe, de ce même système télégraphique, pendant l’époque que nous venons de considérer.



CHAPITRE XI

principes du télégraphe aérien. — mécanisme pour la formation des signaux. — signification des signaux. — le vocabulaire. — inconvénients de la télégraphie aérienne. — la télégraphie de nuit.

Bien qu’il soit aujourd’hui tombé en désuétude, il nous paraît utile de faire connaître avec précision un système de correspondance qui, pendant cinquante ans, a joué en France un rôle considérable. Nous allons donc décrire le mécanisme du télégraphe aérien, et exposer les principes sur lesquels repose le vocabulaire qui s’y rapporte.

Le télégraphe proprement dit, ou la partie de la machine qui forme les signaux (fig. 19), se compose de trois branches mobiles : une branche principale AB, de 4 mètres de long, appelée régulateur, et deux petites branches longues de 1 mètre, AC, BD, appelées indicateurs, ou ailes. Deux contre-poids en fer p, p′ attachés à une tige de même métal, font équilibre au poids des ailes, et permettent de la déplacer avec très-peu d’effort. Ces tiges sont assez minces pour n’être pas visibles à distance. Le régulateur est fixé par son milieu à un mât ou à une échelle, qui s’élève au-dessus du toit de la maisonnette dans laquelle se trouve placé le stationnaire.

Les branches mobiles sont découpées en forme de persiennes, c’est-à-dire composées d’un cadre étroit, dont l’intervalle est rempli par des lames minces, inclinées les unes au-dessus des autres. Cette disposition a l’avantage de donner aux pièces une grande légèreté ; elle leur permet aussi de résister aux vents et de combattre les mauvais effets de la lumière. Les branches mobiles sont peintes en noir, afin qu’elles se détachent avec plus de vigueur sur le fond du ciel. L’assemblage de ces trois pièces forme un système unique, élevé dans l’espace, et soutenu par un seul point d’appui : l’extrémité du mât, autour duquel il peut librement tourner.

Les pièces du télégraphe se meuvent à l’aide de cordes de laiton. Ces cordes communiquent, dans la maisonnette, avec un petit appareil, qui est la reproduction en raccourci du télégraphe extérieur. C’est ce second appareil que l’employé manœuvre ; le télégraphe placé au-dessus du toit ne fait que répéter les mouvements imprimés à la machine intérieure.

Le mécanisme qui permet de manœuvrer les branches du télégraphe, se réduit à une large poulie à gorge, sur laquelle est attachée et fortement tendue, une corde de laiton, qui vient s’enrouler sur une autre poulie fixée à l’axe du télégraphe. Quand le levier ab du régulateur du petit appareil placé dans la maisonnette, est abaissé par le stationnaire, la corde de laiton qui tourne autour de ce levier, est tirée, et le bras du régulateur AB du télégraphe mis en action, reproduit le même mouvement. Quand les leviers ac ou bd du petit appareil de la maisonnette, sont, de la même manière, mis en action, les cordes qui vont de ces petits leviers ac, bd, aux ailes AC, BD, du télégraphe extérieur, étant tirées, font prendre aux ailes de ce télégraphe la même position.

Tout s’accomplit donc par un jeu de cor-