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Nous tenons ce chiffre de M. Gillard, savant chimiste et industriel, à qui l’on doit les procédés de fabrication que nous venons de décrire.


CHAPITRE XVI

les ascensions en ballon captif. — le ballon de m. henry giffard.

Les ascensions en ballon captif sont une nouveauté, car depuis la suppression, faite par Bonaparte en 1799, du corps des aérostiers militaires de la République, on n’avait vu nulle part l’intéressante opération qui consiste à hisser, à une hauteur plus ou moins grande, au milieu des airs, des amateurs et des curieux. C’est cette entreprise qu’a réalisée avec un grand bonheur, en 1867, M. Henry Giffard.

Le nom de M. Henry Giffard est bien connu aujourd’hui dans la science et dans l’industrie. On lui doit l’invention d’une véritable merveille en mécanique, un appareil qui remplace la pompe aspirante et foulante, pour le renouvellement de l’eau, dans les chaudières à vapeur : l’injecteur Giffard, qui est aujourd’hui adopté sur toutes les locomotives, dont il contribue à accélérer singulièrement et à faciliter les manœuvres.

M. Henry Giffard se fait remarquer, entre tous nos ingénieurs actuels, par son esprit inventif et original. Les conceptions neuves et hardies, attirent particulièrement son imagination fertile. Nous verrons bientôt que c’est à lui qu’appartient le mérite et l’audace de la tentative consistant à appliquer la machine à vapeur à la direction d’un aérostat ; nous décrirons et nous représenterons plus loin, l’aérostat à vapeur dont M. Henry Giffard, à peine sorti des bancs de l’École centrale, fit l’expérience à Paris, en 1852.

Malgré les travaux divers qui l’ont occupé depuis, dans sa carrière d’ingénieur, M. Henry Giffard n’a jamais perdu de vue la question des aérostats, qui avait rempli une courte mais intéressante période de sa jeunesse. Il était donc parfaitement préparé, par ses connaissances et par son expérience personnelle, à exécuter l’entreprise, beaucoup plus compliquée qu’on ne se l’imagine, qui consistait à réaliser l’aérostation en ballon captif, c’est-à-dire à installer un vaste aérostat à gaz hydrogène, présentant une certaine force d’ascension, et offrant toute sécurité aux amateurs et curieux qui voudraient se donner le plaisir d’une promenade aérienne.

Pendant le dernier mois de l’Exposition universelle de Paris, c’est-à-dire pendant le mois d’octobre 1867, les visiteurs du palais et des jardins du Champ-de-Mars, voyaient régulièrement, toutes les après-midi, s’élever et planer quelque temps, à une assez grande hauteur dans l’air, un aérostat de très-grandes dimensions, retenu à terre au moyen d’un câble, et contenant un certain nombre de personnes. Après une station de quelques minutes, au plus haut de sa course, on le voyait redescendre, pour recommencer le même manège, jusqu’à l’arrivée de la nuit. C’était le ballon de M. Giffard qui, établi dans une vaste enceinte, faisant partie de l’établissement de construction mécanique de M. Flaud, situé dans l’avenue Suffren, aux portes de l’Exposition, opérait ses ascensions captives.

Hâtons-nous de dire, que ce n’est pas seulement en vue de l’Exposition universelle que M. Henry Giffard a fait l’installation et la construction de son aérostat captif. Après la clôture de l’Exposition, le ballon et tout son outillage mécanique ont été transportés dans un autre emplacement, plus central, afin de donner, d’une manière permanente, au public parisien, le plaisir d’une ascension en ballon captif, avec ses sensations émouvantes et uniquement agréables.

Il y avait des difficultés fondamentales, et une foule de petits problèmes de détail, à résoudre, pour arriver à réaliser l’aérostation