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brouillards, sans formes nettement accusées.

Dans la descente, de grosses gouttes d’eau tombaient sur le ballon, lorsqu’on était encore à 5 kilomètres du sol. Depuis 4 jusqu’à 3 kilomètres de la terre, on traversait une tourmente de neige. Seulement, au lieu de tomber, la neige semblait s’élever autour du ballon, qui descendait plus rapidement. On ne voyait guère de flocons neigeux, mais beaucoup de cristaux aciculaires. La neige cessa à 3 kilomètres de hauteur ; les couches inférieures de l’air offraient alors une teinte brune, excessivement foncée et sombre. À 1 500 mètres, les aéronautes avaient épuisé leur lest, et le ballon tomba comme un corps inerte. Il arriva à terre en produisant un choc terrible qui brisa plusieurs instruments. Tel est le résumé des observations faites par le physicien anglais pendant ses dernières ascensions aérostatiques, faites en 1863. Elles ont fourni sur plusieurs points de la physique du globe, des éclaircissements utiles. La décroissance de la température, celle de l’humidité et de l’électricité, selon la hauteur, sont les faits météorologiques sur lesquels M. Glaisher a réuni le plus de renseignements nouveaux, sans qu’il soit permis néanmoins de regarder comme définitifs les rapports qu’il a notés entre l’abaissement de température et la diminution de l’humidité, selon la hauteur. De nouvelles expériences sont nécessaires pour fixer avec précision ces lois météorologiques.


CHAPITRE XIX

l’électro-substracteur de dupuis-delcourt, ou l’emploi d’un aérostat pour soutirer l’électricité des nuages orageux. — dupuis-delcourt et son ballon de cuivre.

Dupuis-Delcourt eut, vers 1836 ou 1839, une idée qu’Arago prit sous son patronage, et qu’il exposa à plusieurs reprises, avec beaucoup de faveur, devant l’Académie.

Le paratonnerre, tel qu’il est établi, ne peut faire autre chose qu’écarter la foudre, l’empêcher d’éclater sur le bâtiment placé sous son égide. Dupuis-Delcourt crut qu’il serait possible d’aller neutraliser l’électricité au sein même des nuages, et de l’amener, grâce à un conducteur métallique lancé dans ces hautes régions, dans le sol ou réservoir commun, afin de neutraliser ses effets. Déjà, au siècle dernier, Montgolfier, l’abbé Bertholon et quelques autres physiciens, avaient eu cette pensée ; Dupuis-Delcourt imagina un instrument propre à la réaliser d’une façon pratique. Il appelait électro-substracteur (nom assez barbare) un petit aérostat, de forme cylindro-conique, composé d’une enveloppe imperméable au gaz hydrogène, et terminé par deux pointes métalliques. Cet aérostat devait être retenu captif à terre, au moyen d’une corde en partie métallique, qui aurait établi, par sa conductibilité, la communication entre le sol et les nuages orageux chargés d’électricité.

Fig. 335. — L’électro-substracteur de Dupuis-Delcourt.

Nous représentons (fig. 335) l’électro-substracteur de Dupuis-Delcourt. Plein de gaz hydrogène, il devait s’élever à 1 000 ou 1 500 mètres, et s’y maintenir, communiquant ainsi, à la manière d’un paratonnerre, avec le sol humide, et établissant une relation continue entre le fluide électrique de l’air et la terre. Grâce au mode d’attache de la corde au cylindre armé de pointes, la machine pouvait tourner à tous les vents, comme une immense girouette.