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nombre d’opérations exécutées avec ou sans l’emploi des agents anesthésiques. Le résultat unanime de ces comparaisons, c’est que la mortalité, à la suite des grandes opérations, a notablement diminué depuis l’introduction de l’éther et du chloroforme dans la pratique chirurgicale.

M. Simpson a rassemblé et comparé les résultats d’un grand nombre d’opérations exécutées dans les hôpitaux d’Angleterre, avec et sans le secours de l’éther, dans la vue de déterminer le chiffre de la mortalité dans les deux cas. Il a fait choix, pour ces comparaisons, de l’amputation des membres. Selon M. Simpson, les grandes amputations des membres sont généralement mortelles, dans la pratique des hôpitaux, dans la proportion de 1 sur 2 ou 3. Dans les hôpitaux de Paris, par exemple, elle s’élève, d’après des relevés qui appartiennent à Malgaigne, à plus de 1 sur 2. Dans les hôpitaux d’Angleterre, elle est, selon M. Simpson, de 1 sur 3 1/2. Or, les opérations pratiquées en Angleterre dans les mêmes hôpitaux, sur la même classe de sujets, mais avec l’éther, n’ont admis qu’une mortalité de 23 sur 100, c’est-à-dire 1 sur 4 à peu près. Il résulte de divers chiffres rapportés par M. Simpson, et que nous négligeons ici, que sur 100 amputés dans les hôpitaux anglais, il y en a 6 qui ont été sauvés avec l’éther et qui auraient succombé sans son emploi.

Mais la comparaison établie en réunissant toutes les amputations des membres, et confondant ainsi des opérations différentes, c’est-à-dire les amputations du bras, de la jambe et de la cuisse, pouvait laisser quelques doutes. M. Simpson a voulu étudier, sous ce rapport, une même opération, et il a choisi l’amputation de la cuisse. « Il y a peu ou point, dit M. Simpson, d’opérations de la chirurgie ordinaire et rationnelle, qui donnent des résultats plus funestes que l’amputation de la cuisse. La triste conclusion des statistiques des hôpitaux, selon M. Syme, est que la mortalité moyenne n’est pas moindre de 60 à 70 sur 100 ; en d’autres termes, qu’il meurt plus de 1 opéré sur 2. Sur les 987 amputations de cuisse, réunies par M. Phillips, 435 s’étaient terminées par la mort, c’est-à-dire 44 morts sur 100. « En résumant, » dit M. Curling, « le tableau des amputations pratiquées de 1837 à 1843 dans les hôpitaux de Londres, je trouve 434 cas d’amputation de la cuisse et de la jambe, dont 55 morts. » La proportion est de 41 pour 100. Dans les hôpitaux de Paris, sur 201 amputations de cuisse, Malgaigne a trouvé 126 morts. À l’infirmerie d’Édimbourg, il y a eu 21 morts sur 43 ; à Glascow, 46 morts sur 127. Dans mon propre tableau, sur 284 amputations de cuisse pratiquées dans trente hôpitaux d’Angleterre, il y a eu 107 morts.

« Au contraire, sur mes 145 amputés sous l’influence de l’éther, 37 seulement ont succombé.

« Ce qui revient à dire que l’amputation de la cuisse sans éther, tue la moitié ou le tiers des opérés, tandis qu’avec l’éther la mortalité est réduite au quart.

« Le tableau suivant résume ces résultats :

TABLEAU DE LA MORTALITÉ DANS LES AMPUTATIONS DE LA CUISSE, DRESSÉ PAR M. SIMPSON.
 
opérés.
morts.
proportion des morts.
sans l’éther.      
Hôpitaux de Paris. — Malgaine 
201 126 62 sur 100
Hôpitaux d’Édimbourg. — Peacock 
43 21 49 sur 100
Collection générale. — Phillips 
987 435 44 sur 100
Hôpital de Glascow. — Sawrie 
127 46 36 sur 100
Hôpitaux anglais. — Simpson 
284 107 38 sur 100
sous l’influence de l’éther.      
Hôpitaux anglais. — Simpson 
145 27 25 sur 100

« Ce tableau montre, dit M. Simpson, qu’en prenant la mortalité la plus faible dans les amputés sans éther, c’est-à-dire les amputés de Glascow, l’emploi de l’éther aurait