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certaines opérations qui exigent le concours actif, l’attention, la participation du malade, et qui ne peuvent par conséquent s’accomplir dans l’état de sommeil éthérique. Enfin, il existe un très-grand nombre de cas dans lesquels l’opération est d’une si faible importance, que l’on juge inutile et même irrationnel, d’éthériser les malades ; dans ces dernières circonstances, lorsqu’il ne s’agit, par exemple, que d’un coup de bistouri à donner, les malades pourraient encore jouir du bénéfice des procédés anesthésiques. Tout cela fait comprendre les avantages de l’anesthésie localisée.

Nous allons faire connaître les résultats des recherches nombreuses qui ont été faites jusqu’à l’année 1867, pour arriver à produire commodément et avec certitude, cet état d’anesthésie.

Les travaux de MM. Serres, Flourens, Longet, firent connaître que, sous l’influence des inhalations d’éther sulfurique, les bords de la langue et de la muqueuse du pharynx étaient insensibles. M. Longet appliqua l’éther sulfurique sur un nerf mis à nu, et il constata que le nerf avait perdu toute sensibilité. M. Simpson, chirurgien d’Édimbourg, essaya alors d’appliquer le chloroforme comme topique destiné à détruire la sensibilité locale ; et il obtint, en effet, l’engourdissement de la région du corps, mise en contact avec le liquide anesthésique. Cependant, lorsqu’il voulut pratiquer une incision dans les parties ainsi engourdies, la douleur se manifesta, et elle fut très-vive.

Un physiologiste anglais, M. Nunnely, a fait, dans le même but, quelques expériences sur des animaux. Il parvint effectivement, au moyen d’applications de chloroforme, à supprimer la douleur pendant des opérations faites sur le chien et autres animaux ; mais, quand il voulut appliquer la même méthode à l’homme, il ne put jamais obtenir qu’un engourdissement local, sans perte de sensibilité.

En 1848, le docteur Jules Roux, de Toulon, reprit les mêmes tentatives. Il réussit à calmer les douleurs des plaies chirurgicales, en y versant une certaine quantité d’éther liquide.

D’autres expérimentateurs confirmèrent bientôt les bons effets de l’éther et du chloroforme, comme anesthésique topique, M. Hardy, chirurgien irlandais, fit alors construire un instrument pour l’application locale du chloroforme dans les affections utérines.

En France, M. le docteur Guérard inventa, en 1854, un appareil pour l’éthérisation locale. Cet appareil se compose d’un cylindre plein d’éther et parcouru par un piston qui pousse peu à peu l’éther au dehors. En même temps, un petit ventilateur, dirigé vers la partie malade, active l’évaporation du liquide. Cet instrument est entré, dès l’année 1855, dans la pratique chirurgicale. MM. Nélaton, Dubois, Demarquay, s’en sont servis avec avantage.

Fig. 353. — Appareil de M. Guérard, pour l’éthérisation locale.

La figure 353 représente cet appareil. B est un cylindre métallique, plein d’éther sulfu-