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Encore enfant, mademoiselle Joséphine Hugot avait été adoptée par François Sudre, qui en fit son élève et son aide dans ses expériences publiques. La jeune fille devint une cantatrice de talent, qui se fit bientôt connaître dans le monde musical de Paris. En 1855, elle épousa François Sudre, qui était lui-même un musicien de grand mérite.

Depuis la mort de son mari, madame Sudre a continué avec zèle à propager l’œuvre de l’inventeur. François Sudre avait travaillé pendant quarante-cinq ans au vocabulaire de sa langue musicale, mais il ne l’avait pas publié ; sa veuve, après avoir entièrement mis ce vocabulaire au net, l’a publié en 1866, dans l’ouvrage dont nous avons donné plus haut le titre.



CHAPITRE XV

la télégraphie navale. — le code marryatt. — le code reynold. — le code larkins, ou code commercial des signaux anglo-français.

Cette langue universelle dont il vient d’être question, a été réalisée de nos jours, dans un cas dont tout le monde comprend l’importance : pour les communications entre les navires de toutes les nations.

La transmission des ordres d’un bâtiment à l’autre, quand ces bâtiments appartiennent à la même nation, présente peu de difficulté, comme aussi peu d’intérêt. La tactique navale, réglementaire à bord des bâtiments, a résolu ce problème d’une manière satisfaisante. Des pavillons de différentes couleurs et de diverses formes, servent à établir les communications, soit d’un bâtiment à l’autre, soit d’un bâtiment à un canot, etc. Nous n’avons rien à dire de cette partie de la tactique navale. Ici, en effet, il n’est point question d’une langue universelle, mais seulement d’un échange de signaux entre des marins d’une même nation.

Mais où la langue universelle trouve son application, c’est dans l’échange des signaux qu’il faut faire entre des bâtiments qui se rencontrent en mer, et qui appartiennent à une nation quelconque. Il faut que ces deux bâtiments qui s’aperçoivent au large, puissent s’entretenir et se parler, quelle que soit leur nationalité respective. Il faut qu’un idiôme nautique universel, une langue conventionnelle, comparable à l’écriture symbolique des Chinois, aux hiéroglyphes égyptiens, ou bien au langage mimique des sourds-muets, permette aux marins de se faire comprendre les uns des autres, sans qu’ils aient besoin de parler trente langues, comme le célèbre polyglotte de notre siècle, le cardinal Mezzofanti, mort à Naples, en 1849.

Cette langue nautique universelle existe, cette conception admirable d’un langage maritime qui ne se parle pas, mais qui se lit, a été réalisée. Il existe aujourd’hui des Codes spéciaux répondant à des signaux que tous les marins peuvent exécuter et comprendre. Il suffit que chaque navire soit muni d’une édition du Code commercial de signaux dans sa langue nationale, pour qu’il soit à même de se servir de l’idiôme universel, comme de sa propre langue, et de s’entretenir avec tous les navires qu’il rencontre.

Ce n’est pas sans difficulté, ce n’est qu’avec le concours permanent d’un grand nombre d’hommes voués à cette étude chez les différentes nations, que l’on est parvenu à créer la langue maritime universelle qui permet d’établir par des signaux, une communication entre deux navires étrangers. Il ne sera pas sans intérêt de passer en revue les différents systèmes, qui ont été essayés en Angleterre et en France, pour arriver à ce grand résultat, atteint aujourd’hui d’une manière à peu près complète.

L’utilité d’un système universel de signaux maritimes est de toute évidence. Combien de catastrophes auraient été évitées, combien de périls détournés, combien d’argent écono-