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Fig. 3. — Polybe, 150 ans avant Jésus-Christ, invente l’art des signaux alphabétiques.


manœuvre à exécuter. Au temps d’Æneas c’est-à-dire 336 ans avant Jésus-Christ, l’art télégraphique, chez les Grecs, était donc tout à fait dans l’enfance.

Cet art fut perfectionné grâce à l’idée de signaler au moyen des feux, non des phrases convenues d’avance, mais bien les lettres de l’alphabet.

Jules l’Africain nous apprend qu’un système télégraphique qui fut inventé en Grèce, après Æneas, consistait à disposer huit feux, au-devant et à une certaine distance desquels, on allumait trois autres feux plus petits. Les huit grands feux servaient à désigner un groupe de lettres de l’alphabet, qu’on avait divisé en huit parties. Les trois feux accessoires désignaient la place de la lettre dans chacune des huit divisions de l’alphabet.

Cléomène et Polybe simplifièrent cette méthode.

Polybe, l’historien militaire de la Grèce, qui écrivait 150 ans environ avant Jésus-Christ, divisa l’alphabet en cinq groupes seulement. Deux murailles étant disposées l’une près de l’autre, le stationnaire se plaçait entre ces deux murailles, qui servaient à cacher des torches. Pour indiquer à son correspondant la 24e lettre de l’alphabet par exemple, il faisait apparaître d’abord cinq torches à sa droite, qui indiquaient la cinquième division de son alphabet ; puis quatre torches à sa gauche, pour marquer le rang que la lettre occupait dans sa division.

Nous devons ajouter qu’un long tuyau de bois ou d’airain, fixé à chaque muraille, servait à diriger la vue du stationnaire vers le point que l’on voulait observer.

On ne peut s’empêcher de voir dans cette invention de Polybe, la première idée de la télégraphie aérienne, qui ne fut réalisée qu’à