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de bichlorure de mercure (sublimé corrosif) et d’une partie d’acide chlorhydrique. Ce bain blanchit l’épreuve et fait disparaître l’image, mais sans la détruire ; il change simplement la substance qui compose les parties obscures en un sel double incolore de mercure et d’argent. Dès que cet effet a été produit, on lave parfaitement le papier sur lequel est l’image maintenant invisible, et on le fait sécher à l’obscurité.

Comme sa surface est encore légèrement sensible, on la conserve entre des feuilles de papier d’une nuance orangée, pour la protéger contre l’action de la lumière.

Avec ces épreuves latentes, on vend du papier blanc non collé, qui a été également préparé d’une manière spéciale. Ce papier est imprégné d’une solution d’hyposulfite de soude. Lorsqu’on l’applique sur le papier albuminé préparé comme il vient d’être dit, et qu’on plonge les deux feuilles ensemble dans une assiette remplie d’eau, l’hyposulfite de soude du papier buvard agit instantanément sur le sel de mercure de l’épreuve, et il se forme un sulfure de mercure brun, qui accuse les lignes du dessin primitif. On voit donc alors reparaître ce dessin dans tous ses détails, avec une teinte de sépia très-riche et vigoureuse. On peut le faire disparaître de nouveau en plongeant l’épreuve encore une fois dans un bain de sublimé corrosif, puis l’évoquer de nouveau par l’application d’un nouveau buvard humecté d’eau, et ainsi de suite.

Cette expérience est d’un charmant effet ; malheureusement, elle n’est pas sans danger. On sait que le bichlorure de mercure est un poison terrible. Les photographies magiques ne devront donc pas être confiées aux très-jeunes enfants, toujours prêts à porter à la bouche ce qu’ils ont entre les mains. Le danger que pourraient offrir ces photographies est tout aussi sérieux que celui des jouets peints avec des couleurs arsenicales.

M. Édouard Delessert a indiqué un autre procédé qui permet de se passer du bichlorure de mercure. Le papier, imprégné d’un mélange de bichromate de potasse et de gélatine, est exposé sous un cliché négatif ; on le lave d’abord dans un bain d’acide sulfurique étendu d’eau, puis dans l’eau pure, et on le fait ensuite sécher. L’image disparaît quand le papier est sec ; elle reparaît quand le papier est mouillé dans l’eau.

Ce procédé donne un produit tout à fait exempt de danger ; mais ses effets ont moins de magie, puisque magie il y a !


CHAPITRE XVII

agrandissement des épreuves positives. — appareil de woodward. — appareil de m. van monckboven.

Un des principaux objets que doit se proposer la photographie, pour répondre à des conditions assez diverses, c’est l’agrandissement des petites images qu’elle fournit.

Cette branche de la photographie ne s’est développée que longtemps après les autres. Il semble pourtant, au premier abord, qu’étant donné un cliché, il n’était rien de plus facile que de l’amplifier à l’aide du mégascope. Cette idée est juste en théorie ; mais la pratique a révélé des obstacles qu’il n’était pas facile de prévoir.

La méthode générale de l’amplification des épreuves photographiques, consiste à faire passer une vive lumière à travers un cliché négatif, à agrandir cette image, en lui faisant traverser la lentille d’un mégascope, c’est-à-dire d’une lanterne magique, et à fixer sur le papier sensible cette image amplifiée. Cette opération exige des appareils optiques particuliers, destinés à l’agrandissement du négatif. Nous commencerons par faire connaître ces appareils spéciaux.

Pour éclairer le cliché de verre destiné à subir l’amplification, on reçoit sur un miroir plan, la lumière du soleil ou de la lampe électrique, et, par une puissante lentille con-