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L’administration des Contributions indirectes livre les poudres de chasse au public au prix de :

Poudre fine 
9 fr. 50 le kil.
Poudre super fine 
12 fr. 00
Poudre extra-fine 
15 fr. 50

La nécessité qui se présenta, à certaines époques, de fabriquer de grandes quantités de poudre en un court espace de temps, fit imaginer certains procédés expéditifs, lesquels, perfectionnés, sont restés quelquefois dans la pratique. C’est ainsi que les Hollandais, pendant la longue guerre qu’ils soutinrent contre les Espagnols, inventèrent un moyen d’opérer sans danger la trituration par les meules. Ils se servaient de meules en marbre noir, du poids de 10 quintaux. En 1716, des moulins semblables furent établis à Berlin. Le procédé des meules a été conservé de nos jours, dans certains pays, pour la fabrication de toutes les poudres ; mais, en France, il n’est appliqué, comme nous l’avons dit, qu’à la préparation des poudres de chasse.

À l’époque de la Révolution française, il fallut fournir tout d’un coup aux armées de la République, des quantités considérables de munitions de guerre. Mais tous nos ports étaient bloqués et le soufre n’arrivait plus de la Sicile. Pour remplacer le soufre que l’étranger lui refusait, le génie scientifique de la France inventa le procédé d’extraction du soufre des pyrites, minerai que plusieurs de nos provinces possèdent en abondance. Ce procédé permit de se procurer toute la quantité de soufre nécessaire à la fabrication de la poudre destinée aux armées. Comme nous l’avons dit, dans le chapitre précédent, on est revenu de nos jours, à ce procédé d’extraction du soufre lorsque le soufre de Sicile vint à manquer en Europe, et il a été conservé même après que le soufre de Sicile a pu revenir dans nos ports.

Pendant que l’on découvrait et que l’on exploitait cette nouvelle source de soufre, on lessivait le sol des caves, pour se procurer le salpêtre, et on lavait les vieux plâtras de Paris, qui contiennent jusqu’à 6 pour 100 de ce sel. La poudrerie de Grenelle, agrandie et mise sur un nouveau pied, pulvérisait le charbon et le soufre d’une part, et de l’autre le salpêtre, dans des tonnes de bois, au moyen de billes de bronze ; puis le mélange des trois corps s’effectuait dans d’autres tonnes, avec des billes. Pour faire les galettes, on introduisait la composition dans des caisses, on la recouvrait de toiles mouillées, et on la soumettait à l’action d’une presse. La poudre était grenée par les procédés ordinaires.

C’est par ce procédé expéditif que la poudre fut préparée pendant les guerres de la République, et chacun connaît les merveilles qu’elle accomplit.


CHAPITRE VII

transport, emmagasinage et conservation de la poudre. — les dangers de la poudre. — explosions et incendies des poudrières et des poudres.

Le transport et l’emmagasinage de la poudre sont des opérations assez délicates, et qui ne sont pas toujours sans dangers. Pour transporter les poudres de guerre, on les renferme dans des barils, contenant les uns 50 kilogrammes, les autres 100 kilogrammes de poudre. Ces barils sont renfermés dans d’autres plus grands, nommés chapes.

Quand on charge les barils sur des voitures, on doit prendre garde qu’ils ne se touchent pas entre eux, et qu’ils soient distants des ferrures, car le frottement produit par le mouvement de la voiture, pourrait amener des échauffements, et provoquer l’inflammation de la poudre. Pour éviter les frottements, on place sous les barils et entre eux, des bouchons de paille ou des nattes de roseaux.

Les voitures ne doivent marcher qu’au pas ; une allure plus rapide accroîtrait le danger, et formerait une certaine quantité de poussier.