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azotique pour 3 volumes d’acide sulfurique à 66 degrés.

Voici comment l’opération s’exécute dans la pratique. Les renseignements qui vont suivre sont empruntés à un mémoire rédigé par M. Maurey, ancien commissaire des poudres à la manufacture du Bouchet, où l’on prépara, de 1847 à 1852, pour les essais du gouvernement, des quantités assez considérables de fulmi-coton.

Le mélange des acides azotique et sulfurique est préparé la veille du jour où l’on doit s’en servir. Les proportions étant de 4 litres d’acide azotique pour 6 litres d’acide sulfurique, on mesure d’abord les 4 litres d’acide azotique, qu’on verse dans un vase de grès ; puis on y ajoute peu à peu les 6 litres d’acide sulfurique, en agitant le liquide avec une baguette de verre.

On procède le lendemain au trempage dans la liqueur acide. Cette opération s’effectuait, à la manufacture du Bouchet, de la manière suivante : dans un vase en grès, d’environ 20 centimètres de diamètre et de 14 centimètres de profondeur, muni d’un disque en verre servant de couvercle, on versait d’abord 1 litre de mélange, puis l’ouvrier trempeur y plongeait rapidement, en quatre ou cinq fois, 100 grammes de coton, pesés d’avance, qu’il enfonçait au moyen d’un tampon en verre (fig. 167). La première partie était la plus difficile à imbiber ; on distinguait les points non imprégnés à leur couleur plus blanche, et l’on y faisait pénétrer la liqueur en les ouvrant avec deux baguettes de verre. On ajoutait ensuite, dans le même vase, un second litre de mélange et une seconde ouate de 100 grammes. Chaque vase renfermait ainsi 200 grammes de coton et 2 litres d’acides ; on le recouvrait avec le disque en verre, pour empêcher les émanations de l’acide, qui auraient gêné les opérateurs, et pour soustraire le mélange à l’action de l’air humide, qui l’eût affaibli en lui cédant de l’eau.

Quelquefois il se manifestait des décompositions dans le premier quart d’heure de l’immersion. On en était averti par la couleur rutilante qui se montrait dans le vase au travers du couvercle, et on les arrêtait comme on verra plus loin.

On laissait le coton macérer dans le mélange acide pendant au moins une heure.

Pour exprimer les acides non combinés, on soumettait à la fois, dit M. Maurey, le contenu de vingt vases, c’est-à-dire 4 kilogrammes de coton trempé, à l’action d’une presse à acides. Cette presse se composait d’une vis en fonte qui descendait, au moyen d’un levier, dans une cage en grès, laissant couler les acides par son fond. Les dimensions intérieures de l’auge étaient : 30 centimètres pour la longueur, 30 centimètres pour la largeur et 40 centimètres pour la profondeur. Sa paroi antérieure était remplacée par une planche recouverte de plomb, qui pouvait s’enlever à volonté.

Le coton était disposé par couches horizontales. On le recouvrait d’un plateau en fonte qui lui transmettait la pression de la vis. Le liquide acide sortant de la presse était recueilli et conservé avec soin. Il servait à préparer de nouvelles quantités de fulmi-coton. Seulement le degré de dilution et d’affaiblissement de cette liqueur, rendait assez difficile son emploi. Les acides vieux ne donnaient que des produits sur lesquels on ne pouvait compter avec certitude. Nous négligerons dans cet exposé, l’emploi de ces acides vieux pour fabriquer le fulmi-coton.

On déchargeait la presse en enlevant la paroi mobile de l’auge de grès ; on prenait le coton pressé avec une fourche en fer, et pour le laver on le mettait dans des paniers en osier, ayant 90 centimètres de longueur, sur 63 centimètres de largeur et 68 de profondeur. On ouvrait le coton, pour que l’eau pût y pénétrer plus facilement, et on enfonçait le panier dans l’eau de la rivière. Au moyen de bâtons en bois, on agitait le coton dans l’eau sans cesse renouvelée par le courant, et on l’y laissait