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On a également préparé un pyroxyle avec de la fécule. Le produit, auquel on a donné le nom de pyroxam, a les mêmes propriétés et la même composition que le fulmi-coton.

Pour préparer le pyroxam il faut dessécher la fécule dans le vide, en la chauffant à la température de 125 degrés, ce qui lui enlève toute l’eau qu’elle retient mécaniquement. On laisse refroidir la fécule ainsi desséchée dans un vase clos et sec ; puis on la délaye dans un mélange d’acides azotique et sulfurique, en employant 15 parties en poids du mélange acide, pour 1 partie de fécule. On laisse séjourner la fécule pendant six heures dans le bain acide. Alors on lave le produit dans un courant d’eau, et on le dessèche dans un courant d’air, à la température de 40 degrés.

La poudrerie du Bouchet a cessé de préparer du fulmi-coton, à la suite d’accidents arrivés pendant sa préparation, et à cause de divers défauts de cette substance explosible, sur lesquels nous aurons à revenir plus loin. Ces accidents ont décidé, en 1852, le gouvernement français à renoncer à l’usage du pyroxyle dans l’artillerie. Mais on a été plus persévérant en quelques pays. En Autriche, le général Lenk, qui a repris en 1862 l’étude de cette question, a établi à Hirtemberg une fabrique de fulmi-coton, avec l’appui du gouvernement. Une étude attentive a permis au général Lenk, de modifier d’une manière avantageuse, sous quelques rapports, la préparation du fulmi-coton. Voici le procédé suivi dans cette manufacture.

Le coton cardé est toujours la substance qui sert de base à la préparation ; mais les proportions d’acides azotique et sulfurique, ne sont pas les mêmes qu’autrefois. On emploie un volume d’acide azotique pour trois volumes d’acide sulfurique à 66 degrés. On prend 30 kilogrammes de ce mélange acide pour 100 grammes de coton. Au lieu de laisser agir l’acide pendant une heure, comme on le faisait à la poudrerie du Bouchet, on n’y laisse tremper le coton que pendant quelques instants. Le coton retiré après l’immersion, est remplacé par une quantité de mélange acide suffisante pour maintenir le liquide au même niveau. On opère ainsi, d’une manière continue, en ajoutant de nouvelles proportions du mélange, à mesure qu’il a servi à transformer le coton en pyroxyle.

En sortant du bain acide, le fulmi-coton n’est pas immédiatement lavé, comme on le faisait en France : il est abandonné à lui-même, pendant quarante-huit heures. Au bout de ce temps, on le place dans une essoreuse mécanique, c’est-à-dire dans un de ces appareils employés dans l’industrie pour sécher les tissus, et qui se compose d’un cylindre métallique percé de nombreux trous et tournant rapidement sur son axe. Par la force centrifuge, la presque totalité du liquide imbibant les fibres du tissu, est projetée au loin. Après cet essorage, on lave le coton dans de l’eau courante, et on le laisse tremper, pendant six semaines entières, dans l’eau. On le soumet ensuite à un nouveau séchage dans l’essoreuse mécanique. Pour enlever les dernières proportions d’acide, on trempe le coton, au sortir de l’essoreuse, dans une dissolution de carbonate de potasse, marquant 2 degrés à l’aréomètre de Baumé. On procède à un troisième essorage ; enfin on sèche la matière à l’air libre, ou dans une étuve dont la température ne dépasse pas 20 degrés centigrades.

Pour diminuer la rapidité de sa combustion, cause principale des inconvénients du coton-poudre enflammé dans les armes, le général Lenk a eu l’idée de l’imbiber légèrement d’un enduit fixe. Cet enduit est du silicate de soude dissous dans l’eau. On immerge dans cette dissolution saline le fulmi-coton une fois préparé. Le silicate de soude qui enveloppe les fibres du coton, entre en fusion, au moment de l’explosion, et recouvrant ses fibres d’une couche imperméable à l’air, retarde sensiblement sa combustion.