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devait pas produire plus d’effet que celui qui précède.

Fig. 239. — Boulets conjugués.
Fig. 240. — Projectiles conjugués.
Fig. 241. — Boulet encastré.
Fig. 242 et 243. — Boulets réunis par un axe.

Les autres projectiles conjugués (fig. 240, 241, 242, 243) reposent tous sur les mêmes principes. On comprend leur façon d’agir à la simple inspection de la figure ; tout commentaire serait donc inutile.

Les canons lançaient d’autres projectiles irréguliers, comme des clous et des chaînes. On les renfermait dans un sac fait d’une étoffe grossière. Dès l’impulsion de la décharge, les petits projectiles déchiraient leur enveloppe, comme la balle troue le papier de la cartouche, et s’éparpillaient sur un large espace.

Les boîtes à balles et les gargousses en papier, datent de cette époque ; mais on ne paraît pas avoir fait grand usage des premières, et les secondes n’étaient usitées que dans le cas d’un tir exceptionnellement rapide. Les boîtes à balles avaient remplacé le sac plein de morceaux de fer, et la gargousse en papier était semblable en tout point à la cartouche de nos fusils d’infanterie.

On a longtemps discuté pour savoir si l’invention des boulets rouges doit être attribuée à Franz de Sickingen, qui en fit usage en 1525, ou à Étienne Bathory, roi de Pologne, qui s’en servit en 1577, au siége de Dantzick. L’idée mère, tout au moins, remonte à une époque plus éloignée. Au xve siècle, les grandes bombardes lançaient des morceaux de fer rouge enveloppés de linges mouillés, comme moyen d’incendier les villes. Les Gantois en firent usage au siége d’Oudenarde et ils furent employés avec quelque succès, en 1580, par le comte de Renneberg, au siége de Steenwyck. Cependant les difficultés et les dangers de ces projectiles rougis au feu, joints à leur peu d’efficacité, les firent tomber dans l’oubli. Ce ne fut qu’au xviie siècle que le boulet rouge devint d’un usage régulier.


CHAPITRE VII

les fortifications après l’invention des boulets de fonte. — terrassement des murs. — défenses du fossé. — casemates. — demi-lunes. — bastions. — parapets. — embrasures. — talus. — chemin couvert.

Pendant cette troisième période, c’est-à-dire de 1460 à 1630, s’effectuèrent presque tous les changements qui différencient la fortification moderne de la fortification du Moyen Âge, telle que nous l’avons étudiée. Cette période fut assez longue et remplie d’assez de guerres, pour que tout l’occident de l’Europe eût l’occasion d’apprécier les effets des nouveaux projectiles, et l’insuffisance des murailles pour protéger les villes et les châteaux contre la nouvelle artillerie.

Dès les premiers boulets de fonte, les places riches et importantes augmentèrent l’épaisseur de leurs murailles. C’est ainsi que Robert de la Marck fit donner 5m, 85 d’épaisseur aux murs du château de Harbain, et que le comte de Saint-Pol fit bâtir avec près de 10 mètres d’épaisseur de murs,