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Fig. 270. — Canon avec avant-train, de l’artillerie française du xviie siècle.


Comme on s’apercevait enfin que ces défauts diminuaient à mesure qu’on se rapprochait de la forme cylindrique, on finit par revenir sans réserve à l’ancien système.

Les calibres réglementaires devaient présenter à la culasse une épaisseur de métal égale au diamètre du boulet ; mais les fondeurs furent laissés libres de couler des pièces de plus grande ou de moindre épaisseur : les premières furent nommées canons renforcés, les secondes canons diminués.

Les canons renforcés, plus lourds que les calibres réglementaires, agissaient moins sur l’affût au moment du recul, et trouvaient surtout leur utilité comme pièces de campagne, parce que les affûts de ces pièces doivent être légers pour se prêter aux transports et aux manœuvres, et qu’ils offrent moins de résistance que les affûts de place, de côte ou de siége.

Les canons diminués, au contraire, ne se trouvaient guère que parmi les gros calibres, et allaient avec ces derniers affûts.

Parmi les bouches à feu ayant un diamètre de culasse moindre de trois diamètres de boulets, il y avait aussi des pièces dont l’âme, au lieu de demeurer cylindrique, allait se rétrécissant jusqu’à la lumière, en figure de cône. On leur donna le nom de canons campanés ou encampanés, c’est-à-dire en forme de cloche.

Les bouches à feu campanées avaient pu être utiles à l’époque de la confusion des calibres, parce qu’elles pouvaient utiliser des boulets de diverses grosseurs ; les pierriers et les mortiers campanés rendaient encore des services quand il s’agissait de lancer des projectiles de volume variable, par exemple des chaînes rompues, des clous et d’autres morceaux de fer enfermés dans un sac ; mais dès que les calibres furent fixés, qu’il ne se trouva plus que des boulets de diamètres déterminés, les canons campanés n’avaient plus raison d’être. Ils présentaient le défaut grave de ne pouvoir tirer le boulet de leur calibre, qu’à la condition de remplir exactement avec la charge au moins tout l’espace conique dans lequel le boulet n’eût pas pu entrer ; et si ce volume de poudre était trop fort, on était obligé de combler avec la bourre toute la distance qui séparait la poudre du boulet.

La forme campanée avait encore l’inconvénient de ne loger la même charge de poudre que dans une plus grande longueur d’âme ; ce qui diminuait la longueur utile du canon.

Ce sont peut-être les défauts trop évidents de ce système qui avaient amené un système opposé, et également défectueux : l’âme élargie en sphère ou en poire des canons dits de nouvelle invention dont il a été question plus haut.

De cette époque, datent les premiers essais sérieux de canons en fonte de fer.