Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XIII

état de l’artillerie européenne au xviie siècle. — l’artillerie de louis XIV. — les affûts. — invention du canon de montagne. — découverte du tir à un seul feu des bombes et des obus. — l’obusier anglais adopté en france. — le système d’artillerie de vallière.

Peu de changements notables furent apportés à l’artillerie européenne, depuis le milieu du xviie siècle, époque à laquelle nous sommes arrivés, jusqu’à la moitié du siècle suivant. Le ralentissement qui se fit remarquer, à cette époque, dans les progrès de l’artillerie, s’explique par l’état encore peu avancé de l’art du fondeur, conséquence naturelle de l’imperfection de la science chimique et de la métallurgie. En France, seulement, les frères Keller, possédant bien tous les anciens éléments de l’art et du métier de fondeur, marchèrent de quelques pas en avant sur leurs contemporains. Ce n’est donc que dans notre pays qu’il faut chercher les quelques améliorations qui furent apportées à l’artillerie, à cette époque. Ajoutons que les brillantes guerres des premiers temps du règne de Louis XIV, en excitant, au cœur de la France, l’amour-propre national, lui firent trouver des ressources qui manquaient aux autres peuples. Jusque-là, l’Espagne, l’Italie, la Turquie même, avaient marché à la tête des progrès militaires, et étaient restées redoutables par leur armement. Mais, à dater de Louis XIV, ces puissances ne possédèrent plus qu’une artillerie aussi déchue que leur importance politique. Elles ne purent désormais suivre que de loin le progrès né chez des nations plus favorisées, telles que la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, et bientôt l’Angleterre.

Nous résumerons en peu de mots le perfectionnement et les découvertes utiles qui furent réalisés dans l’artillerie française, sous Louis XIV.

L’une des plus importantes acquisitions de l’artillerie, à cette époque, fut relative au mode d’installation des pièces à bord des navires. L’affût marin, inventé sous Louis XIV, ne diffère presque en rien de celui de nos jours. C’est en 1650 que, dans les ports français, on commença à en faire usage. La figure 272 représente l’affût des pièces de navire, qui est le même que celui des bouches à feu qui défendent l’entrée de nos ports de mer et des forts placés sur nos côtes.

Les flasques, à peu près rectangulaires, sont montés sur un plateau, qui peut glisser sur quatre roulettes. Les tourillons sont munis de sus-bandes. Le pointage de la pièce s’opère à l’aide du coin. Les roulettes de derrière sont plus basses que celles de devant, pour aider à l’élévation de la volée. Le recul met la pièce en position d’être rechargée.

Fig. 271. — Vauban.

Cet affût avait le défaut d’être trop bas, ce qui nécessitait des embrasures très-profondes. Vauban, dont le génie toucha à tout ce qui concernait l’art militaire, remédia plus tard à cet inconvénient, en augmentant la hauteur des roues de devant, et en supprimant les roues de derrière.