Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Fig. 296. — Théorie du pointage des canons.


rencontre des deux lignes ; c’est une table de tir pour ce cas particulier.

On dispose donc la hausse à la hauteur voulue ; on établit la ligne de mire en la faisant passer par le but, et par cette action même, le canon reçoit l’inclinaison nécessaire pour que la trajectoire atteigne le point visé.

Avant l’invention de la hausse, l’artilleur ne pouvait pointer que par tâtonnements. L’appareil dont on se servait alors, s’appelait équerre de pointage. L’expérience avait appris qu’avec une charge donnée de poudre, telle inclinaison de la pièce faisait atteindre à telle distance l’horizontale passant par le plan de tir. Dès lors l’artilleur plaçait la pièce dans l’angle voulu. On construisit, à cet effet, grand nombre d’équerres et de quadrants, pour mesurer l’angle de la partie inférieure de la bouche à feu avec la verticale.

La première de ces équerres fut celle de Tartaglia ; elle était faite de deux branches d’inégale grandeur, comprenant entre elles un quart de cercle gradué ; un fil à plomb était fixé au sommet de l’angle droit. L’angle se mesurait ainsi : le canonnier introduisait la grande branche dans l’âme, la faisant glisser le long de la paroi inférieure, il mettait l’équerre dans le plan vertical, et à ce moment, le fil à plomb indiquait l’inclinaison sur le quadrant. Si la pièce n’était pas bien placée, on inclinait la volée ou on la relevait jusqu’à ce que le fil à plomb marquât l’angle désiré.

Plus tard, Malthus pointa les mortiers à l’aide du quart de cercle et du fil à plomb placé sur la tranche de la bouche, comme on le fait aujourd’hui. Il tirait un premier coup sous l’angle de 45 degrés ; si la bombe portait trop loin, il augmentait l’angle jusqu’à ce qu’il atteignît le but ; si, au contraire, la bombe tombait en deçà du but, il augmentait la charge de poudre.

Il est évident qu’on ne pourrait pas se servir de la hausse pour le tir sous de grands angles, non-seulement parce que cette hausse devrait être d’une longueur extraordinaire et incommode, mais encore parce que les rapports entre la trajectoire et la ligne de mire varient trop rapidement avec l’angle dans cette position, pour que son emploi donne une appréciation utile. Mais dans les limites d’inclinaison des canons sur affûts, la ligne de mire reste sensiblement la même pour la même distance.

Ces relations ont été découvertes par Robins ; elles paraissent l’avoir conduit à l’invention de la hausse, qu’on s’accorde généralement à lui attribuer.

Ce fut Gribeauval qui, le premier, adopta la hausse dans la grosse artillerie. Il donna aussi au canonnier le moyen de rectifier son tir, et de l’assurer après un coup tiré convenablement. Nous représentons (fig. 297) la hausse de pointage que Gribeauval, conformément aux idées de Robins, fit adapter à tous les canons en campagne.

Mais nous arrivons aux travaux les plus