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rent faites en Sardaigne, avec le canon Cavalli et un canon à âme lisse. Les deux bouches à feu se servirent de projectiles de formes différentes, mais du même poids de 6 kilogrammes. Le canon à âme lisse, chargé de 6 kilogrammes de poudre, et pointé à 5 degrés d’élévation, lançait, du premier jet, son boulet à 380 mètres ; les ricochets successifs le portaient à 2 700 mètres. L’obus du canon Cavalli, lancé avec la même charge et sur la même inclinaison, faisait son premier ricochet à 1 700 mètres, le second à 3 900, et s’arrêtait à 4 000 mètres. Des tirs exécutés sous d’autres angles, et avec des charges différentes, laissèrent toujours l’avantage à la pièce rayée.

Nous ne nous étendrons pas sur la hausse et le mode de pointage ni sur les autres particularités très-ingénieusement imaginées par M. Cavalli ; cette étude sur un canon depuis longtemps abandonné et qui ne servit jamais à la guerre, serait superflue.

Ses deux défauts capitaux furent le peu de résistance de la pièce, et la difficulté énorme qu’il y avait parfois à retirer le coin de son logement.

Cependant les qualités du canon Cavalli ne furent pas perdues, puisque, comme nous l’avons dit, il servit à mettre en faveur le canon rayé.

Un système de fermeture, imaginé en Prusse par le baron Wahrendorff, attira quelque attention à cette époque. Ce système consiste en un culot mobile, muni à sa partie postérieure d’une tige filetée, laquelle s’engage dans une cheville horizontale que porte la culasse. Par l’ouverture circulaire du culot, passe un verrou cylindrique destiné à supporter tout l’effort de la décharge. Ce système était défectueux à tous les points de vue, et surtout il manquait de solidité, aussi fut-il bientôt oublié.

Le principal mérite du canon du baron Wahrendorff fut d’avoir montré l’utilité de la rayure.

Son canon portait six rayures larges et peu profondes, d’un pas de 10m,36 ; le projectile relativement ne paraît que moitié de celui de Cavalli. Dans les expériences de tir il ne manquait jamais une cible de quatre pieds carrés, placée à huit cents pas, avec une charge de poudre égale au trentième du poids du boulet.

Les essais de canon Wahrendorff ayant été faits en grande partie en Prusse, ils donnèrent naissance dans ce pays à un système de chargement par la culasse à peu près analogue.

On avait reconnu que, quelque bien ajustées que fussent les pièces métalliques de la culasse, toujours, au bout de quelques décharges, les gaz de la poudre les disjoignaient, pratiquaient des jours, et la fermeture devenait insuffisante. Pour parer à ce défaut on plaça à l’avant du culot du système prussien, une plaque de papier mâché, un peu concave, en forme de godet, afin que ses bords pressés contre les jointures par l’explosion de la poudre, fissent office de soupape.

Plus tard la Prusse adopta le système de fermeture représenté par les figures 328 et 329.

Fig. 328. — Fermeture du canon prussien (laissant voir le canon ouvert).
Fig. 329. — Fermeture du canon prussien (laissant voir le canon fermé).

Deux coins, d’angles égaux, sont reliés par une vis, et appliqués l’un contre l’autre, de manière que l’ensemble forme toujours un