Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

terie ; mais diverses considérations, entre autres l’obligation de compasser la mèche, empêchèrent d’en doter la cavalerie. On lui préféra un mécanisme imaginé en Allemagne, à peu près à la même époque, et qui était connu sous le nom de platine à rouet.

Dans cette platine, la mèche était supprimée, et l’inflammation de la poudre était obtenue au moyen d’une matière métallique (alliage de fer et d’antimoine), qui produisait des étincelles en frottant contre une petite roue d’acier, cannelée sur son pourtour, et animée d’un vif mouvement de rotation, par l’action d’un ressort intérieur et d’une détente. La pierre, ou la pièce métallique, était fixée entre deux plaques de fer, dont l’ensemble fut appelé chien, parce qu’il figurait grossièrement une mâchoire d’animal. Lorsque le chien était abattu sur la roue d’acier, il était maintenu dans cette position par un ressort coudé, qui déterminait un frottement très-énergique de la pierre contre l’acier et donnait lieu à des étincelles dont l’effet, était d’enflammer la poudre contenue dans le bassinet.

Fig. 344. — Mécanisme de l’arquebuse à rouet.

La figure 344 représente le mécanisme de la platine à rouet. L’appareil consiste en une petite roue d’acier B, cannelée sur son pourtour, et qui portait le nom de rouet. Cette roue pénètre en partie dans l’intérieur du bassinet C, qui contient la poudre d’amorce, et sur lequel débouche l’orifice de la lumière de l’arquebuse, percée elle-même sur le côté droit du canon. On faisait descendre sur ce bassinet C, le chien D, qui portait entre ses mâchoires une pierre à fusil ou un morceau de composition métallique (combinaison d’antimoine et de fer appelée pyrite ou pyrite d’antimoine). La pierre à fusil était, de cette manière, mise en contact avec la roue d’acier cannelée, et elle était en même temps très-voisine de la poudre d’amorce. Quand on avait monté un ressort placé à l’intérieur, en tournant la clef, A, et qu’ensuite on venait à détendre ce ressort, en touchant la gâchette de l’arme, aussitôt un mouvement de rotation rapide était imprimé à la roue d’acier, B[1]. Le contact de la roue B et de la pierre C, pendant cette rotation, déterminait un frottement qui faisait jaillir des étincelles, et ces étincelles enflammaient la poudre d’amorce contenue dans le bassinet, C. Un ressort coudé, E, pressait fortement le chien, en agissant sur la partie FG, tige de fer articulée par deux charnières aux points F et G. Par cette pression, le chien était fortement maintenu contre la roue. Cette même tige articulée FG servait à relever le chien quand l’arme était au repos, ou quand on voulait amorcer, nettoyer la roue, etc.

La figure 345 représente l’une des arque-

  1. Le mécanisme intérieur, qui faisait partir la détente du ressort, en touchant la gâchette, était assez compliqué. Il n’y aurait aucune utilité à le décrire ici.