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les bois fendus ne cessent pas d’être susceptibles d’un bon service dans les corps.

« Les premières cartouches dont on s’est servi étaient de dimensions un peu faibles ; sous le choc de l’aiguille elles glissaient en avant ; de là des ratés dont le chiffre a paru tout d’abord assez élevé.

« Ces effets étaient surtout sensibles avec les cartouches à blanc qui ne se trouvaient point arrêtées par le projectile comme la cartouche à balle.

« On y a remédié en allongeant un peu les cartouches à balles et sans balles, et en augmentant faiblement le diamètre de la cartouche sans balle.

« Les ressorts à boudin trop faibles produisent aussi des ratés que l’on évite en employant des ressorts plus forts. On en exécute le changement avec la plus grande facilité.

« Malgré quelques imperfections de détail, inévitables dans les débuts de tout système nouveau, l’ensemble de notre armement est excellent. Tous les corps l’ont accueilli avec le plus vif sentiment de satisfaction.

« Le nouveau fusil, plus léger que l’ancien, gracieux de forme, plaît au soldat ; plein de confiance en son arme, il l’aime, l’entoure de soins tout particuliers, marque de prédilection bien frappante qui prouve une fois de plus combien, avec leur intelligente perspicacité, nos soldats saisissent spontanément et apprécient ce qui est réellement bon et utile.

« Le fusil modèle 1866 est d’un maniement aisé ; son mécanisme est simple et commode, son entretien facile. Il n’exige qu’une instruction très-courte pour devenir familier aux hommes, qui le montent et le démontent sans difficulté, et apprennent promptement à remplacer les pièces mobiles dont ils sont munis, telles que les rondelles, l’aiguille, la tête mobile et le ressort à boudin.

« En très-peu de temps le soldat le moins adroit peut être initié à la manœuvre de tout le système.

« Les expériences faites avec le plus grand soin, l’année dernière, au camp de Châlons, puis en Italie par les troupes du corps expéditionnaire, dans les circonstances climatériques les plus diverses et souvent les moins favorables, ont fourni la preuve que, sous une apparence un peu délicate, le nouveau fusil remplissait les meilleures conditions pour satisfaire à toutes les nécessités du service de campagne.

« Étudié à tous les points de vue, le fusil dont l’infanterie française vient d’être dotée réunit au plus haut degré, à une précision et une rapidité de tir incomparables, des qualités qui doivent lui assurer le premier rang parmi les armes de guerre aujourd’hui en usage. »

Tout en poussant avec une grande activité la fabrication des fusils Chassepot, le Gouvernement français songeait à utiliser les anciens fusils de munition qui remplissaient nos arsenaux. La transformation de ces anciens fusils en fusils Chassepot étant impossible à réaliser, à cause de la dépense excessive qu’elle aurait exigée, on chercha, parmi les différents systèmes connus d’armes se chargeant par la culasse, celui qui se prêterait le plus économiquement à une transformation en fusil se chargeant par la culasse. Le choix s’est fixé sur une combinaison de deux systèmes d’origine anglaise, les fusils Enfield et Snider.

Dans le fusil Enfield-Snider, la partie supérieure du canon s’ouvre, sur une longueur d’environ 5 centimètres, pour l’introduction de la cartouche. Quand la cartouche a été placée, cet espace est recouvert par une pièce qui pivote sur un axe parallèle à celui du canon et fixé à sa droite. Cette même pièce porte une broche qui aboutit, d’un côté, à la base de la cartouche, et, de l’autre, fait un peu saillie à l’extérieur. Le chien, qui est semblable à celui des fusils à percussion, en frappant sur cette broche, la pousse sur l’amorce, par l’intermédiaire d’un ressort à boudin, et détermine l’explosion. La cartouche est métallique et à inflammation centrale.

Le bon côté de cette arme, c’est que l’étui de la cartouche se retire pour ainsi dire de lui-même, après chaque coup, ce qui réduit à presque rien sous ce rapport le rôle du tireur.

La transformation de nos anciens fusils en fusils Enfield-Snider a consisté à couper le canon à sa base, et à rapporter une culasse du nouveau système, taraudée et vissée sur le canon. C’est ainsi que l’on a obtenu ce que l’on nomme, en France, le fusil transformé, et vulgairement le fusil à tabatière. Ce n’est pas un fusil à aiguille, mais un fusil se chargeant par la culasse, et dans lequel on a conservé l’ancien chien des fusils à percussion.

Les figures 376 et 377, avec les légendes qui les accompagnent, feront aisément com-